ACUARELA NOCHE – Aroah, Manta Ray, Nouveau Casino, Paris, 8 avril 2003
Pour fêter ses dix ans, le label espagnol Acuarela a réuni lors d’une même soirée au Nouveau Casino la référence Manta Ray et la future référence Aroah. Hasard du calendrier ou programmation audacieuse – j’opte pour la première solution -, cette soirée s’annonçait à risque en terme d’audience étant donnée la confidentialité de Manta Ray chez nous. La France s’est effectivement ouverte trop récemment à la pop espagnole pour avoir pu s’imprégner de formations historiquement importantes comme ce dernier groupe. Et le résultat est là : le public est avant tout venu pour écouter Aroah.
Assurant la première partie de cette soirée anniversaire, Irene Tremblay (Aroah) se montre sous son visage le plus fragile : seule sur scène avec sa guitare, face au public et face à l’erreur toujours possible et difficile à cacher. C’est par cette situation fragile qu’elle montre toute sa force et chante crânement sa chance, de sa voix qui, libérée plus que jamais, emplit la salle de sa douce et grave mélancolie. Après avoir prouvé être capable de faire de très bons disques comme "No Podemos Ser Amigos" , Dame Tremblay, souvent comparée à Chan Marschall (Cat Power), démontre avec classe qu’elle peut donner de magnifiques concerts.
Comme je l’expliquais au début, en dépit du poids historique de Manta Ray comparativement à Aroah, la pause a suffit à vider d’une partie de son public une salle déjà étonnamment sous-peuplée. Et pourtant, maîtrisant indéniablement son sujet et malgré l’acoustique difficile à apprivoiser du Nouveau Casino, Manta Ray parvient à déployer sa musique avec ampleur. Erigeant un mur du son aux angles néanmoins précis, la formation déroule un set quasi exclusivement instrumental à l’intensité grandissante. On peut penser ce que l’on veut de leur dernier disque "Estratexa" , on ne peut nier que ces Espagnols ont une énorme présence sur scène.
Fred