Le métier d’intervieweur est dangereux, vous savez. Alors une interview qui se passe bien, à l’étage confortable d’un élégant bar de Bastille, sans menace physique ni verbale, avec quelques boissons goûteuses, c’est tellement rare que ça donne un moral d’enfer à notre reporter téméraire, ici très bien entouré par la fine équipe d’Alpha, venue presqu’au complet présenter son troisième album, le très bon « Stargazing ».
On pourrait commencer par la sortie du premier album qui a été très bien accueilli par la presse. Quand le second album a suivi, même très bon accueil critique, mais je ne suis pas sûr que le public ait suivi….
Andy Jenk : C’est vrai que le second album était plus difficile. Plus difficile à faire et aussi plus difficile à écouter, je pense. Et la réponse du public est directement liée à ça. Personne n’écoute cinq fois par jour le même album et comme il était plus difficile de rentrer dans « The Impossible Thrill », il a fallu plus de temps pour que le public s’y fasse. « Come From Heaven » avait un côté immédiat, et je crois que « The Impossible Thrill » est un aussi bon album mais il demande plus de travail de la part des auditeurs pour y rentrer.
Pourquoi était-ce un album plus difficile ? était-ce simplement lié au fait que tout était joué live, sans sample ?
Corin Dingley : Oui, en fait-on jouait avec des samples depuis tellement longtemps, pas seulement pour le premier album mais bien avant. Alors là, on a voulu faire quelque chose de différent.
Andy Jenk : c’était assez fou comme approche en fait. On essayait de faire cette musique qu’on avait en tête alors qu’on n’est même pas de vrais musiciens. C’était très dur.
Alors, quelle a été votre approche pour le troisième ?
Helen White : retour aux sources (back to basics ! )
Martin Barnard : le troisième album bénéficie aussi du fait que l’on connaît les règles du jeu maintenant. Le premier album était très basique, on utilisait une technologie de base, des ordinateurs Atari de première génération et des samples, pour le deuxième nous avons utilisé ce que tout le monde utilise mais qui était nouveau pour nous et il a fallu qu’on s’adapte et cet apprentissage a influencé le résultat final de l’album. Maintenant on maîtrise un peu mieux les outils.
Helen White : il y a aussi le retour en force des chansons. Une grosse partie du travail a porté sur les mélodies, ce qui rend l’album plus accessible.
Et donc, avez-vous eu recours à plus de travail de préparation avant l’entrée en studio ?
Andy Jenk : non pas vraiment, en fait, comme on a notre propre studio, c’est un travail continu. Ce qui change c’est que pour le second album on a vraiment essayé d’écrire un album plutôt qu’un ensemble de chansons comme on l’avait fait pour le premier. Et ça n’avait pas vraiment marché pour nous, ça avait été très difficile. Ca fonctionne peut-être pour d’autres artistes mais pour nous la formule c’est plutôt un travail continu. On écrit de la musique en permanence, on écrit encore, encore et encore jusqu’à ce qu’on ait suffisamment de matériel pour un album. En fait, ce qui nous convient le mieux c’est de faire la musique qui nous plait quand ça nous plait et d’essayer d’en tirer un album plutôt que de partir bille en tête pour « écrire un album » en une seule fois.