LADYBUG TRANSISTOR & CAMERA OBSCURA – En concert le 14 février 2003, Hyndland Church Hall, Glasgow
Une salle paroissiale, entre le local des scouts de Glasgow et des balançoires… Quelques vieux jouets qui traînent, des chaises en plastique marron alignées devant la scène, éclairée par les néons et une petite guirlande datant sans doute des fêtes de Noël… Pas d’alcool, pas de cigarette, pas de coulisses dignes de ce nom. Le Hyndland Church Hall est à l’image du seigneur symbolique de ces lieux, Stuart Murdoch : simple, sans prétention, rempli de souvenirs d’enfance. Normal que cet endroit, qui a permis à Belle & Sebastian de jouer live pour les premières fois il y a des années de cela, accueille aujourd’hui Ladybug Transistor et Camera Obscura.
Ladybug Transistor vient des Etats-Unis et sa pop sucrée tient autant des délicates compositions des sixties qu’à la spontanéité des groupes les plus doux et mélodieux de l’écurie Sarah Records. Jusqu’alors, ils étaient restés fidèles à ces influences élégantes en les intégrant à la perfection, les jeunes filles portaient des robes à fleurs et les jeunes garçons semblaient tout droit sortis d’une université chic de la côte est. Sur scène à Glasgow, c’est une formation plus énergique, plus mûre peut-être, qu’on retrouve : amputée de Jennifer Baron, la chanteuse touche-à-tout (quand elle ne jouait pas de la basse, elle passait de la flûte aux claviers) et avec Julia Rydholm, la jolie violoniste qui se retrouve à la basse… Ce jeu de chaises musicales peut être rigolo, mais la musique de Ladybug Transistor en perd sans doute en fraîcheur, en volupté, en légèreté. Toujours excellents, leurs morceaux lorgnent moins du côté de Bacharach que vers la pop à guitares agrémentée de salves de trompette bien à propos. Ces chansons sont souvent inédites et seront enregistrées au printemps dans un studio de Tucson, Arizona, par Craig Shumacher, qui a participé à l’enregistrement des albums de Giant Sand et de Calexico… Autant de pistes qui laissent penser que la pop de Ladybug Transistor ne cesse de se transformer et de mûrir… Verdict à l’automne 2003.
Pour Camera Obscura, jouer au Hyndland Church Hall, c’est un peu comme être à la maison. Sous l’oreille attentive de Stuart Murdoch, qui a produit plusieurs morceaux de l’excellent album "Biggest Bluest Hi-fi", les Ecossais se sont entraînés sur les morceaux de leur prochain disque : il devrait sortir au printemps sur le label espagnol Elefant Records. Pas de surprise, la musique de Camera Obscura reste fidèle aux traditions pop écossaises remises au goût du jour par Belle & Sebastian, la naïveté est souvent feinte et la candeur assortie d’une gravité qui se sent et s’entend. La voix de Tracyanne Campbell n’a rien de "twee" ni d’innocent, elle est plus proche de celle d’Harriet Wheeler des Sundays que de celle d’Isobel Campbell, et c’est très bien comme ça. Elle porte sans un sourire des chansons bien ficelées, tour à tour sautillantes ou profondes. Ca rigole pas, mais ce n’est pas à cause d’un trac qui serait dû à l’amateurisme : bien au contraire, Camera Obscura, depuis ses premiers concerts au Bowlie Weekender en avril 1999, a acquis un vrai professionnalisme. Le groupe a mûri lui aussi et est devenu bien plus qu’une pâle copie de ces autres groupes de Glasgow qui lui sont proches. Le couple vocal John Henderson/Tracyanne Campbell fonctionne à merveille et n’est pas pour rien dans cette alchimie. Espérons que le passage chez Elefant permettra à Camera Obscura de bénéficier de l’audience qu’il mérite.
Stéphane