HORCHATA – Integral
(Zero 1 media)
Horchata a toujours été fascinant dans son approche. Résultat des cogitations de Michael Palace, la musique d’Horchata est l’expression de son monde. Michael ne se consacre à Horchata que six mois par an. Les six autres mois il les passe au fin fond de l’Amazonie à la recherche d’insectes non répertoriés. Et on retrouve dans la musique d’Horchata les bruissements de cette forêt sombre et hostile. Si ici tout est électronique, les sensations sont bel et bien organiques. Les feuilles bruissent sous les pas, les basses évoquent des pas lourds dans la boue. Jamais le mot soundscape (paysage musical) n’a été aussi bien utilisé. "Integral" est sombre, poisseux et humide. Effrayant aussi, sans recours contre une paranoïa envahissante qui évoque le climat ambigu et soupçonneux des films de Lynch. En mêlant une imagerie gothique à ses bruissements et à ses craquements, Palace fait de la musique pour corbeau écolo. Ce disque de folie dérangeante succombe parfois à une sensation d’étouffement, de noyade lente ("Ash"), avant de se libérer dans des explosions sourdes de voix étranges, étranglées et menaçantes ("Molt"). Tous les titres sont enrobés de crissements, de frottements, de bruissements suspects, de bruits d’eau inquiétants. Le meilleur titre de cet album ("Wind"), commence par une douce brise electro qui se transforme en tempête apocalyptique au milieu de laquelle l’oreille finit par accrocher une faible sonnerie lancinante seule présence humaine et manufacturée dans une ambiance où la nature se déchaîne. Puis les fréquences changent et évoluent, l’humain l’emportant sur le bruit blanc et spontané de la nature. Le calme revient après quelques bruits de verre brisé. Sombre, ambient et pourtant bizarrement mélodique "Integral" ouvre sur un monde pas toujours contrôlé à explorer pas à pas.
Gildas
ash
wind
leaf
tar
molt
rust
root
rain
branch
soil