MELON GALIA – Les embarras du quotidien
(Les disques mange-tout)
Avant même de le poser sur la platine, ce disque dégage un certain charme. La pochette et le livret ont en effet été illustrés par Dupuy et Berberian, les deux dessinateurs du célèbre "Monsieur Jean", qui ont glissé, entre les crédits et autres remerciements, un petit personnage à la tête ronde mis en scène dans une courte bande dessinée, et dans diverses publicités qui semblent tout droit sorties d’une revue des années 50 : le fer à repasser Melon Galia, le détachant miracle Melon Galia, le truc en chinois incompréhensible Melon Galia… Pour les incultes en botanique, dont je faisais partie avant de commencer cette chronique, le melon galia est tout simplement une variété de melon. De là à voir dans le personnage de la pochette un bonhomme-melon, il n’y a qu’un pas vers l’interprétation douteuse que l’objectivité légendaire des chroniqueurs de Popnews m’interdit de franchir.
Mais parlons un peu de la musique, puisque celle-ci se révèle largement à la hauteur de l’emballage. Voix féminine et masculine qui s’entrecroisent, prédominance des instruments acoustiques : à la première écoute, le disque de Melon Galia évoque inévitablement ceux de Superflu. Pourtant, contrairement aux Lillois qui jouent souvent la carte du minimalisme, les Belges n’hésitent pas à multiplier les instruments, mêlant allègrement guitares, basses, batteries, violons, pianos, trompettes et autres clarinettes, glissant même par-ci par-là quelques discrètes programmations. Tout cela parfaitement arrangé et mis au service de compositions souriantes et entraînantes, relevées de chœurs à base de "papadapapa" (certes, il me semble avoir déjà employé cette onomatopée dans une autre chronique concernant le groupe, mais je ne vois rien d’autre qui puisse aussi bien définir l’effet produit). Les textes, comme l’indique le titre de l’album, évoquent les "embarras du quotidien", grandes illusions et petites déceptions, mais de belle manière, avec poésie et ironie, si bien qu’ils semblent avoir été écrits plus pour leur musicalité que pour leur sens profond. Mais plutôt que de me risquer à percer les significations cachées des chansons de Melon Galia (attention à l’interprétation douteuse) , je préfère remettre sur la platine ce disque truffé de mélodies imparables, en me laissant envoûter par la mélancolie de "N’en parlons plus", ou en hochant bêtement la tête au passage du sautillant "L’épaisseur d’un cheveu". N’est-ce pas l’effet que devrait produire tout bon disque de musique pop ?
Yves
Une affaire importante
Jamais je ne mens
Tout le monde d’accord
Il ne m’en aura rien coûté
Soumission de fait
Il fallait bien
N’en parlons plus
En moins d’une seconde
L’épaisseur d’un cheveu
Les lendemains qui chantent
Au risque de te plaire
Repos mérité