Rencontrer Steve Kilbey, ça ne me rajeunit pas. Steve Kilbey, c’est donc le leader de The Church, groupe australien et vénérable qui aurait dû cartonner, oui, et puis finalement non. Entre pop psychédélique, power pop, rock progressif pas regressif et mysticisme caustique, la discographie complète vaut pourtant le détour, malgré quelques errements. Malgré tout, en particulier leur quasi-hit « Under The Milky Way », issu de l’excellent album « Starfish » en 1988, The Church a su se constituer une base de fans – dont je suis – qui les a plus ou moins suivis au cours des années. Steve Kilbey, c’est la voix du groupe, si distinctive, fil rouge de la musique de The Church tout au long de la carrière du groupe qui sort ces jours-ci avec « After Everything Now this » son… quinzième ? seizième album ? Coincidence, celui-ci est plutôt bon et, via Cooking Vinyl et Naïve bénéficie d’une distribution décente.
À l’époque de « Starfish », un magazine musical français t’avait décrit comme étant « un Robert Smith des antipodes », et je pense que beaucoup de gens – dont moi – ont dû entendre parler de toi par le biais de cette phrase pour la première fois ! que penses-tu de cette comparaison ?
Oh, j’aime vraiment beaucoup The Cure. Je pense que la seule vraie similarité entre The Cure et nous, c’est un certain sens de la mélancolie, et le fait que nous ne sommes pas un groupe « joyeux », nos chansons traitent du même côté sombre des choses. Ils ont apporté une approche un peu différente, du jeu de guitare par exemple, dont je me sens proche. Cette comparaison ne me gêne pas.
Après 20 ans d’existence, il y a toujours beaucoup d’albums qui sortent régulièrement, que ce soit de The Church ou de ses membres en ordre dispersé. Où trouvez-vous l’envie de continuer ainsi ?
Je pense qu’il y a deux façons de durer aussi longtemps que nous : soit devenir un groupe comme le Rolling Stones, qui revient comme la marée et qui vit en rentier sur ses jours de gloire, soit essayer de progresser, de devenir meilleur musicien, de se remettre en question, de sortir des disques qui soient meilleurs à chaque fois. C’est ce que nous avons essayé de faire. Je ne dis pas que nous y sommes toujours arrivé !
Quelle était votre intention avec « Box of Birds », votre album de reprises ? on associe facilement album de reprises avec groupe en mal d’aspiration…
Ici, et maintenant, je peux te dire que je regrette cet album. À l’origine, ce devait être juste quelques chansons, pour un cd destiné aux fans, et puis on s’est pris au jeu. A l’époque, notre maison de disques voulait qu’on sorte un album live… et je hais les albums live ! Donc on leur a proposé de sortir plutôt un album de reprises à la place. Marty a à peu près 50 000 albums et donc on a sélectionné presque au hasard les chansons ! Il ne faut pas essayer de voir dans nos choix des aveux d’influences, contrairement à d’autres albums de ce type où l’on se dit » oh, j’ai toujours voulu reprendre cette chanson ! ».
Cependant, tu ne penses pas que le choix des morceaux, entre pop mélodique des années 60, prog-rock seventies et énergie post-punk, peut permettre de définir un peu votre musique, dans les grandes lignes ?
Oui, tu as peut-être raison… mais c’est fortuit
Sur votre dernier album, comme souvent sur les précédents d’ailleurs, toutes les chansons sont vraiment longues. C’est un choix conscient ?
Je ne veux pas qu’on me dise « tes chansons doivent durer moins de trois minutes ». Cela fait tellement longtemps qu’on est ensemble, on peut tout se permettre. Si j’ai envie de faire un album instrumental, nous le ferons. D’ailleurs, nous l’avons déjà fait (rires).
C’est de créer une atmosphère que prend tout ce temps ?
Je ne sais pas… il y a quelques titres plus courts quand même… mais oui, nous avons besoin de temps. Peut-être des gens très doués arrivent à créer des atmosphères en trois minutes, nous il nous faut 8 minutes, c’est la chanson qui décide après tout.