SILVER JEWS – Bright Flight
(Domino / Labels)
Même si de nombreux membres de Pavement (surtout Stephen Malkmus, mais aussi Bob Nastenovitch et Steve West) ont régulièrement participé aux albums des Silver Jews, le groupe reste avant tout le projet de David Berman, leader et tête pensante, curieux personnage dans le genre Lou Reed redneck si la chose est concevable. Malkmus est absent ici (sûrement trop occupé avec son terne album solo) mais son ombre tutélaire plane sur le phrasé et la voix de David Berman, lesquels sont suffisamment originaux pour convenir aux libres penseurs que nous nous flattons d’être, même s’il faut bien reconnaître leur caractère parfois délibérément à côté de la plaque. Quant au songwriting, constatons seulement que le meilleur titre est une reprise de l’ultra-nashvillien George Strait ( » Friday night fever « , nappé d’épaisses couches de pedal-steel), le reste oscillant entre la rubrique » médiocre » et celle qui ornait mes bulletins scolaires de lycée » Encourageant mais peut mieux faire « . Et la production est livrée aux mains de musiciens de Lambchop, ce qui n’est pas de bon augure. En fait, ce qui est particulièrement intéressant dans » Bright flight, ce sont les lyrics de David Berman, si pertinentes et spirituelles qu’elles en éclipsent définitivement les autres aspects de l’album. En ce sens, les Silver Jews rappellent les Rainmakers de Bob Walkenhorst, ce groupe météore des mid-eighties qui plaquait des paroles merveilleuses sur du gros rock plan-plan – ce qui explique l’échec relatif de » Bright flight » sur le plan musical, les textes trop bien écrits étant souvent difficiles à rendre fredonnables. Impossible par exemple de résister au plaisir de citer celui-ci » We’re gonna live in Nashville and make a career – out of writing sad songs and getting paid by the tear » où David Berman réussit en deux lignes ce que Robert Altman a foiré en deux heures de son film » Nashville « . Avis à mes collègues plumitifs de Popnews : en cas de panne de métaphore à tiroirs, de saillies fulgurantes ou de statements of the year, c’est auprès de David Berman qu’il faudra s’abreuver – la source reste fraîche et intarissable. Allez, une petite dernière (la meilleure) » Punk-rock died when the first kid said – Punk’s not dead, Punk’s not dead « . On allait le dire, justement.
Jc
Slow education
Room games and diamond rain
Time will break the world
I remember me
Horseleg swatsikas
Transylvania blues
Let’s not and say we did
Tennessee
Friday night fever
Death of an heir of sorrows