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Scène Partagée – Melon Galia, Morning Star, Orwell

SCENE PARTAGEE : ORWELL, MELON GALIA, MORNING STAR.

Attention, soirée concept : trois groupes partagent, pour une soirée, la scène du croquignolet théâtre à l’italienne d’Arras (d’où le nom). Et quand on dit partage, il ne s’agit pas d’une plaisanterie : les groupes ne se succèdent pas en file indienne sur scène comme pour le premier festival d’été venu, non, ils jouent les uns avec les autres, s’échangent des musiciens, des chansons, des blagues et tour cela dans la bonne humeur. Qui plus est en en faisant profiter le public, comblé et enthousiaste. Sur le papier, l’idée est on ne peut plus séduisante, dans les faits, si la première édition, qui avait réuni en 1999 Superflu, Pooka et John Cunningham dans ce même théâtre avait déjà été une réussite, a posteriori, pour des raisons de temps de préparation et peut-être également en raison de la nature même de la musique des trois groupes, le résultat avait paru perfectible. C’est ce que l’on se dit d’autant plus après avoir assisté à cette troisième mouture…

Difficile d’échapper à l’enthousiasme contagieux des acteurs de cette soirée. Mais présentons-les un peu : Morning Star, c’est Jesse D. Vernon, auteur cette année d’un époustouflant et long en bouche deuxième album, "My Place In The Dust". Sur scène ? un grand Duduche briton à l’allure gauche qui se transforme pourtant en un clin d’oeil en une bête de scène façon crooner latin… Melon Galia, ce sont des belges sympathiques, voix jumelles fille-garçon pour une pop printanière et mélodique. Quant à Orwell, c’est la crème de la crème de la variety pop française, pour l’instant seuls les Japonais le savent mais cela devrait s’arranger bientôt.

Et donc sur la scène du théêtre d’Arras, la mayonnaise prend on ne peut mieux, les uns bousculent les chansons des autres (mention spéciale à Melon Galia pour sa version très lollipop de l’ "Etre sans faille" d’Orwell) ou qu’ils interprètent les leurs (là encore mention spéciale à Melon Galia pour leur ravigorante version de "L’épaisseur d’un Cheveu" et à Morning Star et à ses musiciennes hautes en couleurs pour l’ensemble de leur oeuvre).

Cerise(s) sur le gâteau, on a le droit à deux invités de classe internationale… pour la première partie, c’est Jipé, qu’on connut davantage chanteur des Innocents et moins sosie de Woody Allen qui vient pousser la chansonnette accompagné par les trois groupes, puis tout seul pour un titre inédit. L’occasion, un splendide "Un Monde Parfait" à l’appui, de se souvenir qu’en plus d’enflammer le coeur des ménagères de moins de cinquante ans, les Innocents étaient un peu nos Xtc à nous… et pour la seconde partie, c’est Tony Goddess, chanteur des pApAs fritAs qui s’y colle. Sa nouvelle coupe de cheveux lui va à ravir, et en plus de trois titres accompagnés par nos trois groupes (en particulier une version de "Girl" avec Orwell belle à pleurer) nous gratifie d’un "What Am I Supposed To Do" et d’une reprise de Dann Penn (mentor et producteur entre autres des Box Tops) en solo, d’une voix rendue rocailleuse par un vilain coup de froid mais du coup très sexy (de l’aveu d’une fan présente dans la salle).

Restait à conclure la soirée… difficile de partir tant le public réclame rappels après rappels… mais ce fut sur une version chorale gospel d’un titre de Morning Star et du "Sunday Morning" du Velvet Underground…

"Sunday Morning", c’est pour le lendemain, et en attendant, on rentre sur un nuage (et aussi dans un nuage, brouillard picard oblige) vers Paris. Et finalement, si le concept de la soirée, c’était le bonheur ?

Guillaume
Photographies : David Harrow

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