RUBBEROOM – Architechnology
(3-2-1 Records / Indus)
Par l’un de ces phénomènes inexplicables qui régissent parfois la distribution des labels indépendants, le premier album de Rubberoom se trouvait très facilement en France lors de sa sortie. Celui-ci fut même relativement bien couvert par la presse d’ici. Malheureusement, il était une ou deux années trop tôt : le public petit blanc "branché de l’année dernière" qui méprise le rap d’ordinaire (mais non, pas nous, les autres) n’avait pas encore découvert Anti-Pop Consortium et Cannibal Ox via le sacro-saint The Wire et ses relais français. Et aucune chance naturellement qu’un b-boy français accepte d’écouter ces raps hallucinés et cette musique arrache-tympans plus de deux secondes.
Résultat : Architechnology se trouve aujourd’hui chez tous les soldeurs à un prix imbattable. Récupérés par Big Jus sur son label Sub Verse après la faillite de 3-2-1 Records, dans l’air du temps depuis que le rap industriel et futuriste est à la mode, le groupe chicagoan (le DJ Stitzo, les MC’s Fanum, Lumba, Meta Mo et Isle of "oscar du jeu de mot" Weight) a aujourd’hui toutes les chances de rencontrer son public. Vous voulez savoir si vous en faîtes partie ? Très bien.
Alors imaginez des morceaux qui tantôt crissent, tapent et tressautent, tantôt s’étirent sur de longues plages atmosphériques électroniques avec deux trois samples maltraités et incongrus au milieu, tous parcourus ça et là de scratches pondus par rien moins que 13 turntablists. Pour accompagner ce fond sonore déjà bien caractéristique, pensez à quatre MCs difficiles à distinguer, tant ils rivalisent de prèche délirant et de hargne. Ajoutez-y une toute petite pincée de spoken word féminin sur "Pathway to the Abyss". Et pour couronner le tout, égayez la formule par des histoires de chevaliers futuristes venus représenter l’Archange Michel lors de l’Apocalypse, ou de micro-processeur inséré dans un diamant pour contrôler le monde, et vous aurez une idée assez nette du contenu.
Tout cela échappe aux classifications : hip hop pour ces méchants raps, house pour cette électronique constante, jazz pour cet aventurisme (après tout, Chicago s’est distingué dans ces trois genres) ? Tout échappe aussi au jugement de valeur, même s’il est évident que les cinq Rubberoom ont mis beaucoup d’ambition dans leur entreprise. Pour résumer, précisons juste qu’Architechnology est impressionnant mais à moitié ou aux deux-tiers raté. Ce qui veut dire aussi qu’il est à moitié ou au tiers réussi (au moins pour le titre "Smoke"). Et qu’il manque peut-être cruellement à votre discothèque du parfait petit rappeur expérimental cataclysmique dark industriel du futur gothique de l’autre monde obscur.
Born
Smoke
Lock Jaw (feat. S.P.O.)
The Shining
The Revelry (acappella)
Bleach
Acid
Vertigo (extended mix)
Sector Rush Remix (rebuilt)
Style Wars (feat. Path, Juice, Kenny B.)
Architechnology Nine
Pathway to the Abyss
Offering 1366 (feat. Verb)
Trial of the Vampire
Space and Time + Intro. Shame Luv Tempo
Operation Forever