FESTIVAL – LA ROUTE DU ROCK 2001
Et voilà, encore une Route du rock de bouclée… Avec un bon bilan pour cette année: fréquentation en hausse, temps magnifique, stands bien choisis (avec, outre Magic!, nos amis de Poplane (NdlR : et leurs bobs et stagiaires) et Spirit), ambiance toujours aussi détendue. Sans oublier ces petites choses qui font tout le sel du festival; la plage à St-Malo l’après-midi, la queue pour les billets qui permettent de faire la queue pour les galettes-saucisses, la queue pour les dédicaces sur le stand Magic!, le bar VIP où il n’y a quasiment pas de VIP, les mixes entre les concerts (total respect au DJ qui a passé ESG) et ce type qui, la dernière nuit, m’a proposé de la coke alors que j’étais bien tranquille dans ma tente (j’ai refusé, il n’avait pas son accréditation de dealer).
Ah oui, et puis la musique aussi…
Ouverture sous le soleil avec Lali Puna, groupe allemand dont les membres de Radiohead font grand cas., issu d’un collectif qui nous a déjà offert The Notwist et Console. Leur musique se promène entre pop mélancolique et electro expérimental, avec une indéniable élégance. L’ensemble reste toutefois plus adapté à une soirée en club qu’à un début de festival, d’autant que la discrète chanteuse, malgré ses origines asiatiques, n’a pas dû apprendre le cri primal chez Yoko Ono ou Ikue Mori. Talent à confirmer, donc.
Suite avec Ladytron, quatuor mixte à la formule voix plus machines très kraftwerkienne. Encore un groupe de reevival early 80’s; heureusement ses mélodies sautillantes se parent d’une électronique primitive à la Add N to (X) plutôt que de synthés néo-romantiques à deux balles. Pas inoubliable, à part ça.
Le concert de Tom McRae n’a pas vraiment fait l’unanimité, même si nul ne songerait à mettre en doute son respect du public ni son absolue sincérité. Disons simplement que nous avons éprouvé la même impression qu’à l’écoute de son album : il y a là un talent certain qui demande encore à mûrir. Qu’il garde en tout cas les mêmes musiciens, accompagnateurs subtils au service des chansons.
Le happening bruitiste de Mogwai fut sans doute le premier moment fort (et pas seulement par le volume sonore) de cette Route du rock; certes, on entendait moins bien le violoncelle que chez Tom McRae, et le coda assourdissant et interminable frôlait la complaisance. Mais le groupe maîtrise à la perfection son alternance de calme et de tempête, offrant une expérience sensitive unique, d’une monstrueuse beauté.
Après les monstres, les revenants : hier omniprésent, Pulp s’était fait rare ces dernières années sur les scènes françaises. C’est donc avec d’autant plus de plaisir que l’on retrouve les excentricités de Jarvis (qui s’escrime toujours à parler ‘français’ entre les morceaux) et des chansons comme « Common people » (étrangement sobre) ou « This is hardcore ». Les nouvelles, qui semblent avoir été insuffisamment répétées, font moins d’effet, et le groupe paraît un peu fatigué. Prenons cela comme un tour de chauffe avant la tournée.
Fin tardive avec les Scandinaves Superheroes, menés par une sorte de Johnny Thunders en beaucoup moins mort. Entre hymnes punky et ritournelles néo-néo-romantiques, le groupe se révèle distrayant mais pas toujours fulgurant au rayon songwriting; enfin, ils ont la vingtaine, ça peut encore mûrir… Ils ont en tout cas des inconditionnels à POPnews, mais je ne dénoncerai personne.