SPARKLEHORSE – It’s A Wonderful Life
(EMI)
Mark Linkous, le leader de Sparklehorse est un revenant. Il y a 5 ans alors que le monde alternatif encensait son premier album "Vivadixiesubmarinemissionplot" un mélange de Valium et d’antidépresseurs manquait de mettre fin à ses jours; déclaré cliniquement mort durant quelques minutes il passa de nombreux mois cloué sur une chaise roulante. Mark Linkous est un revenant et sa musique est la première à s’en ressentir; elle aussi survivante, elle semble se situer hors de toutes contraintes ou catégories, éloignée de l’espace-temps, flottant à jamais dans de hautes atmosphères.
Dès les premières secondes de la chanson d’ouverture, "It’s a wonderful life" l’auditeur plonge en apnée, étourdi par un rythme cotonneux et essoufflé, à peine troublé par de faibles crissements de vinyle … Une mélodie nait, nostalgique et tremblante, comme incertaine, épaulée de temps en temps par quelques arrangements de cordes ou de flûtes et des tintements de clochettes. Aux premiers abords sauvage, la voix de Linkous se laisse peu à peu dompter ; une voix sensuelle d’enfant cauchemardant et se murmurant pour mieux se rassurer d’invraisemblables berceuses, un débit lent sans cassure ni hausse de ton, progressant simplement dans la musique tout en s’y coulant.
Les perles s’accumulent tout au long du disque : "Gold day", "Comfort Me" , des chansons pop aux mélodies déformées et à jamais en marge, ayant délaissé les guitares pour des instruments bricolés ou oubliés qui font nager le disque dans un climat irréel et envoûtant. De miraculeuses nappes d’instruments à vent ou à cordes surgissent se mêlant au chant de Linkous, parfois traversé par des explosions bruitistes momentanées, le tout progressant dans une étonnante fluidité.
Les nombreux invités qui parsèment ce disque ne se sont pas trompés, Sparklehorse produisant ici un des plus grands disques de songwriting de ces dernières années, que ce soit PJ Harvey et Nina Person assurant les choeurs sur plusieurs titres ou encore Tom Waits en père indigne aboyant sur fond de boîtes à rythme agonisante et de guitare crade dans un " Dog Door " détruisant tout sur son passage.
"It’s a wonderful life " est un chant à l’enfance disparue, faussement naïf et profondément mélancolique, il plongera celui qui saura l’apprivoiser dans une douceur à la fois cruelle et nostalgique : le disque idéal de berceuses pour soirs de déprime.
It’s a wonderful life
Hold day
Piano fire
Sea of teeth
Apple bed
King of nails
Eyepennies
Day door
More yellow birds
Little fat baby
Comfort me
Babies on the sun