RICHARD DAVIES – Barbarians
(Kindercore / Pop Lane)
Sort enfin en France le troisième album solo de Richard Davies… une chronique de celui-ci avait déjà été publiée en août dernier mais l’occasion est trop bonne d’en publier une autre, qui jette un éclairage différent sur cet album, en espérant que les deux vous donnent envie d’aller jeter une oreille sur la production du garçon…
C’était en 1998 et le souvenir demeure intact : jusque-là pris dans les remous d’une carrière agitée (avec The Moles, Cardinal et un album solo superbement torsadé), l’australien Richard Davies publiait sans faire de bruit l’époustouflant " Telegraph ", qu’il n’est pas excessif de ranger parmi les plus émouvantes oeuvres de songwriting des années 90. En à peine plus de trente minutes, notre ami ancienne taupe, âgé d’à peine plus de trente ans, affichait une sérénité et
une grâce mélodique que l’on pensait être l’apanage unique d’un James Taylor ou d’un Robert Wyatt, là où tant de ses congénères besogneux s’échinaient à dévisager vainement l’édifice beatlesien.
Autant dire que l’on attendait avec autant d’impatience que d’inquiétude des nouvelles de ce compagnon devenu intime, et que logiquement, son nouveau et fruste " Barbarians " provoque une immédiate déception. Cantonné il est vrai à un enregistrement expéditif et à une production dérisoire, Davies semble avoir pris le parti d’une écriture minimaliste, aux harmonies basiques et aux relents amers. Sans remonter très loin, telle rudesse de transition entre deux albums n’est pas sans rappeler celle qui, en 1995, vit Morrissey troquer l’étoffe sublime et veloutée de " Vauxhall & I " contre l’électricité rageuse et inconfortable de "Southpaw Grammar". Le seul "Great Republic" de ce nouvel album, par exemple, est symptomatique du phénomène, tant son auteur s’y évertue à dessécher et assombrir avec violence la trame mélodique lumineuse du " Cantina " d’antan à coups de larsens. Le plus clair du temps, reconnaissons que l’affaire ne prête pas à l’ennui, la tonalité douce-amère de cet exercice de style s’avérant plutôt touchante. Mais il est clair, hélas, que le génie est cette fois-ci distillé au compte-goutte, ne pointant le bout de son nez que sur un "Palo Alto" diablement sec et incisif ou surtout sur le majestueux "May", où Davies fait enfin ce qu’il lui plaît : du folk en cristal, peaufiné en vénérable artisan.
On pourrait naturellement s’inquiéter d’une évolution d’apparence aussi régressive. A en croire toutefois Richard Davies, affirmant d’ores et déjà plancher sur un album à plus gros budget, on est en droit d’espérer entendre sous peu l’une de ses fameuses suites d’arabesques dont il semble l’un des rares dépositaires. Histoire, entre autres, de prouver aux sceptiques que malgré ce relatif faux pas, la quasi-homonymie du musicien avec le légendaire leader des Kinks demeure bien plus qu’une coïncidence.
Julien Espaignet
Coldest Day
Palo Alto
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May
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