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Disques

Kobiety – Kobiety

KOBIETY- Kobiety
(Disques Biodro)

KOBIETY- KobietyDommage que cet album soit introuvable en-dehors de la Pologne, il en étonnerait sans doute plus d’un. Car le temps où les groupes locaux découvraient les nouvelles tendances musicales avec plusieurs années de retard est désormais révolu. Bien sûr, pour des raisons économiques et linguistiques, il reste peu probable que la pop et le rock polonais viennent chatouiller l’hégémonie anglo-saxonne. Mais, ce premier disque de Kobiety (« les femmes » en polonais, drôle de nom pour un groupe aux trois quarts masculin) le montre, les meilleures productions n’auraient pas à rougir de la comparaison avec celles venues d’Europe de l’ouest. Quitte, comme ici, à frôler parfois la citation pure et simple au détour d’une mélodie, d’un motif de guitare ou d’un son de synthé. Si l’on peut s’amuser à mettre des noms de groupes anglais, américains, français, allemands ou même japonais derrière chaque chanson de Kobiety (au choix, Stereolab, les derniers Sonic Youth, et parfois les premiers, les groupes de Chicago les plus influencés par l’easy-listening, voire Pulp ou The Fall) il serait pourtant injuste de considérer ces musiciens comme de vulgaires suceurs de roues – ne serait-ce qu’à cause du chant en polonais. La langue se révèle d’ailleurs ici étonnamment suave, se pliant avec docilité aux structures et aux ambiances des morceaux. Au polonais se mêlent parfois quelques mots d’italien ("Marcello", un tube de l’été pour cet hiver) ou d’allemand ("Nad antenami"), et on trouve même une ballade en français, "Notre lune", au texte assez curieux (extraits : "la gravitation devient de plus en plus moins forte", "cette situasion enfluence les Terriens", "elle sourit mysteriouscament"). Le livret, aux dessins naïfs et aux couleurs pastel, fait écho au contenu : des chansons légères, subtilement dissonantes, aux arrangements sucrés mais jamais écœurants, aux textes fantaisistes et décalés. Parfois, la tension est plus palpable, le chant plus brutal, jouant sur la répétition, les percussions quasi-tribales. Mais la furie est toujours tenue en laisse, à l’image du ptérodactyle (?) de la pochette.
Une indéniable réussite.

Vincent

 

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