MICRANOTS – Obelisk Movements
(Subverse)
Tout comme la Côte Oues édiatiquement dominée par le son et l’attitude gangsta, le Sud des Etats-Unis offre peu de chances aux artistes hip hop qui se distinguent du son dominant, un Dirty South omniprésent et commercialement très juteux. DJ Kool Akiem et I Self Divine, connus sous le nom de Micranots, sont de ces malchanceux. Basé à Atlanta, après une naissance en Californie et un passage par Minneapolis, le duo a largement roulé sa bosse. Dâoù le son infiniment plus proche de lâunderground new-yorkais que de la musique extravertie de leurs voisins d’Outkast que dévoile cet Obelisk Movements, un album sorti après bien des péripéties sur Subverse (le label de l’ex Co-Flow Big Juss), alors qu’il était prévu à l’origine sur 3-2-1 Records (celui aujourd’hui disparu des chicagoans Ruberroom).t, m
Les Micranots attribuent plusieurs significations au titre étrange de leur album. Tantôt, l’obélisque est comparé au diamant de leur platine, tantôt il symbolise un hip hop droit et solide mais prompt au mouvement. Cette dernière explication donne un aperçu assez fidèle du contenu de ce disque construit d’un bloc autour d’une rythmique énorme, absolument puissante, tenace, de discrètes bizarreries et du phrasé haletant, offensif, hardcore et déclamatoire d’I Self Divine.
Une fois posées ces bases, les Micranots s’accordent cependant toutes les variantes, les ruptures et les surprises possibles : sur "Pitch Black Ark" c’est une trompette décisive interrompue par une instrumentation façon film à suspens, sur "Exodus" ce sont des sons de cloches que les Micranots parviennent à rendre mélancoliques, sur "Visualistik" des accents latinos, sur "Monuments" des délires de DJ, sur "Critical" de l’electro, sur "Culture" l’impressionnant dialogue entre une contrebasse et des sons synthétiques, sur "Preparations" un piano entêtant, sur "The Willie Lynch" un orgue génial et des raps (presque des cris) féminins, sur "Balance" des accents futuristes et un gimmick prégnant.
Les terribles percussions, les scratches et les synthétiseurs de Kool Akiem remportent presque toujours la partie. Tout comme la façon originale avec laquelle I Self Divine lâche et combine ses mots, un à un, et aborde des thèmes (l’hypocrisie des politiques anti-drogues sur "Illegal Busyness", les divisions néfastes du peuple noir américain sur "The Willie Lynch", etc…) qui se rapprochent de ce que le vrai rap conscient et pro-black devrait être ou aurait dû rester. Malgré sa quasi indisponibilité en Europe, l’album des Micranots est sans l’ombre du moindre doute l’un des nombreux must have de la très riche année 2000.
Sylvain
PS : cet album est finalement sorti en France courant 2001.
Intro
Pitch Black Ark
Preparations
Culture
Balance
Monuments
Analyze
Illegal Busyness
Queen Supreme
Critical
Visualistic
M.O.V.E.
Mother’s Day
Good Heavens
The Willie Lynch
Iconoclastic
Sun Salutations
Exodus