THE GO-BETWEENS
Les Go-Betweens étant un peu pour moi ce que sont les Rolling Stones pour ce bon vieux Philippe Manoeuvre, inutile de vous dire que j’étais quelque peu surexcité à l’idée d’échanger quelques mots avec Grant Mac Lennan, juste après un épatant showcase à la Fnac Montparnasse en prélude au concert des Australiens à la Cigale ce 11 novembre. Jour doublement férié depuis cet entretien mené au pas de charge avant que le groupe ne parte faire sa balance…
Quand et comment avez-vous décidé d’enregistrer ce nouvel album ?
C’était pendant la tournée de l’an dernier… j’ai dit à Robert, à Melbourne, juste avant de venir à Paris : "peut-être qu’on devrait faire un album ?". L’idée ne m’était jamais venue… je pense que Robert y avait déjà pensé, qu’il était sûr qu’on referait quelque chose ensemble sous le nom des Go-Betweens à un moment ou un autre. J’ai donc ouvert ma grande gueule… et il a dit "oui". Mais à ce moment-là, nous savions juste que nous voulions qu’Adele, la bassiste, une grande fan, joue avec nous, mais nous ne savions pas dans quel studio ou avec quel batteur. Et pendant cette tournée, nous avons rencontré le propriétaire du studio dans lequel nous avons enregistré, à San Francisco, nous avons rencontré Jane, de Sleater Kinney, et elle nous a dit "Si vous faites un album, j’aimerais jouer de la batterie dessus", et tout s’est enchaîné…
Ca peut sembler une question idiote, mais y’a-t-il une différence entre maintenant et il y a douze ans ?
Ma réponse pourra sembler stupide… nous sommes plus vieux, nous sommes plus sages, mais nous faisons toujours des erreurs. Je pense que nous revenons plus forts, Robert et moi, en tant que songwriters. Nous avons eu l’opportunité de suivre des chemins différents. Jusqu’ 1988, nous avions toujours joué ensemble. Même si nous avons continué à nous voir, à être amis, à jouer ensemble parfois, nous faisions des choses différentes. Aujourd’hui, pour Robert comme pour moi, c’est comme si nous jouions "Lee Remick" pour la première fois. Et tu as pu entendre tout à l’heure, "Lee Remick" sonne comme si elle avait été écrite hier. Et nous la jouons très rarement. C’était pour le public, qui était génial, mais aussi parce que les sensations étaient là. C’est comme si nous avions une nouvelle chance de faire des choses intéressantes… virer Radiohead des charts, virer Pearl Jam des charts, virer Daft Punk ou au moins faire entendre notre musique le plus loin possible. Oui, je suis très enthousiaste !
A la lecture des notes de pochette de "Bellavista Terrace", écrites par Robert, on pouvait avoir l’impression que vous êtiez un peu amers du fait de votre manque de reconnaissance…
Non, je ne pense pas… je pense qu’il s’agissait d’une blague. Il disait : c’est un "best-of", ça aurait dû être un "greatest hits", mais on n’en a jamais eu aucun… c’est de l’humour, pas de l’amertume.
Qu’est-ce que tu penses de ta carrière solo, avec un peu de recul ?
Il n’y a pas de chansons dans ma carrière solo qui égale ce que l’on a fait ensemble. Et Robert pense la même chose de la sienne. Robert et moi, nous sommes tous les deux des songwriters, et le fait que nous travaillions ensemble est une chose très particuli!ère. Je ne prends pas ça à la légère (NdG : arrive Robert Forster… Grant me le présente… argh).
Quand vous jouez "Easy Come Easy Go" (NdG : une chanson de "Watershed", un des albums solo de Grant), cela sonne comme une chanson des Go-Betweens…
Exactement, quand Robert et moi jouons ensemble, c’est notre approche commune de la musique, nous abandonnons un peu de l’égo de nos carrières solo. "One to One" aussi, nous la jouons comme si c’était une chanson des Go-Betweens, et pourtant elle était sur un album solo de Robert.
Que peut-on attendre des Go-Betweens maintenant ?
Un autre album, ça c’est sûr. Et sans doute encore un autre après. Mais surtout… attendez vous à l’inattendu, toujours. Pour "Rachel Worth", nous avons travaillé de la même façon que nous l’avions toujours fait. Pour le prochain, n’importe quoi peut arriver, Robert peut apporter un banjo, moi un vocoder…
Y’a-t-il une histoire particulière derrière le titre de l’album, "The Friends of Rachel Worth" ?
C’est un nom que nous avons inventé, c’est une personne imaginaire, comme Anna Karenine. Ca sonne comme le nom de quelqu’un que tout le monde aurait envie de rencontrer. Tu n’aurais pas envie de rencontrer quelqu’un qui s’appellerait Rachel Worth ?
Oh si… dans le passé, tu as joué avec Steve Kilbey par exemple… tu as encore envie de collaborer avec d’autres personnes ?
Oui, j’aime jouer avec d’autres gens, ils apportent quelque chose à la recette. Pendant les douze premières années des Go-Betweens… je n’ai joué qu’avec Robert ! Jouer avec d’autres musiciens, c’est fantastique, on s’améliore…
il y a des groupes que tu admires dans la scène musicale actuelle ?
Grandaddy, Pavement, Sleater Kinney, Belle and Sebastian, Broadcast, Etienne de Crecy, Daft Punk, Air… Radiohead, Robbie Williams… enfin, un petit peu Robbie Williams… beaucoup de groupes australiens dont tu n’as sans doute pas entendu parler…
Tu connais Sodastream ?
Oui, j’adore Sodastream ! Il y a aussi Powderfinger, Something For Kate, Umi… j’aime le dernier album de Madonna, "In Your Bright Ray", heu non, ça c’est mon disque, "Ray Of Light" plutôt… j’aime les disques de Mary Lou Lord aussi…
Tu demeures un vrai passionné de musique donc ?
Oui, je suis normal ! un peu compliqué mais normal…
propos et photos recueillis par Guillaume
Merci infiniment à Yaëlle et à Geneviève…