AUTOUR DE LUCIE – interview
C’est dans la riante cité de Vendôme qu’ont lieu chaque année les Rockomotives… Cette année, le festival débutait avec deux soirées un peu à part consacrées aux artistes du Village Vert, et donc, en particulier Autour de Lucie, en pleine tournée. L’occasion de poser quelques questions idiotes à JP et Valérie, quelques mois après la sortie de « Faux Mouvement ».
[site du groupe]
C’est une soirée Village Vert, est-ce que vous vous sentez des affinités avec les autres groupes du label, est-ce qu’il y a un esprit d’équipe ?
Jean-Pierre : on se croise souvent, il arrive qu’on se prète du matériel ou qu’on se rende des services, après, quant à une identité musicale commune, c’est moins sûr. Chaque groupe a vraiment ses spécificités, c’est un peu enfoncer une porte ouverte que de dire ça…
Valérie : c’est plus la méthode de travail qui nous rapproche qu’un style plus la façon de faire, le fait d’être sur un petit label, le fait de garder en tête car ça reste un artisanat…
Vous avez un peu le statut de « doyens », de parrain peut-être au sein du label ?
Valérie : « doyen », c’est pas bon, après c’est le cercueil non ? (rires) Je ne sais pas… le Village Vert a été crée en même temps qu’Autour de Lucie, en 92 ou 93…
(arrive Sonia, de Superflu)
Valérie : oh, salut Sonia !!
Sonia : bonjour !
(bruits de bisoux)
Valérie : ah, vous voilà enfin les Superflu…
S : ah, vous êtes en interview ?
Jean-Pierre : non, non, on fait un bridge !!
Valérie : bon, qu’est-ce qu’on disait… ben voilà, Superflu… c’est assez rare qu’on joue ensemble d’ailleurs donc ce soir on est assez content. Nicolas a participé à une chanson sur notre album, il a écrit un texte. On a tous un petit peu les mêmes grandes références musicales. Après, quand on rentre un peu plus dans le détail…
A propos de références musicales, la question vous a déjà été posé un milliard de fois j’imagine…
Jean-Pierre : C’est effectivement une question qui nous a été posée un milliard de fois… (rires)
Valérie : on ne veut plus dire ce qui nous a influencés, parce qu’après on retrouve dans les articles « influencés par et par machin et tout… ».
Jean-Pierre : surtout que je pense que pour nous comme pour un tas de gens, depuis que la musique électronique s’est mise à être plus commercialisée, notre discothèque a explosé, à tous. Elle s’est encore plus diversifiée qu’avant. Entre tout ce que j’écoute, c’est vraiment le grand écart. Alors si tu regroupes tout le monde… dans le camion, ça va de Nine Inch Nail à Nick Drake, en passant par des comédies musicales des années 60. Citer des références… on pourrait t’envoyer une liste, ce serait toujours réducteur. Pour les gens on a toujours les influences qu’ils s’imaginent qu’on a…
Hum, j’assume l’idiotie de ma question…
Valérie : Non, c’est pas idiot (NdG : merci Valérie, mais un peu quand même…)…
Jean-Pierre : C’est normal qu’on soit un petit peu parano, on s’est retrouvé à lire des mots qui étaient censés sortir de notre bouche… on a été réduit à quelques influences anglo-saxonnes du début des années 80…
On a déjà vous posé plein de fois la question sur l’introduction de la musique électronique dans votre musique (donc je ne vais pas la poser), qu’est-ce que ça vous inspire quand un groupe comme Radiohead sort un album qu’on dit être « hyper expérimental », « suicide commercial » ?
Jean-Pierre : on a lu partout que c’était un suicide commercial, on l’a quand même déjà lu partout… C’est bien que des gens puissent se permettre ça avec des pressions comme ça sur les ventes.
Valérie : on l’a tous écouté d’ailleurs
Jean-Pierre : d’ailleurs ce n’est pas du tout un disque électro, dans l’approche, il est bouclé, répétitif, plus qu’avant… c’est surtout des vieux instruments, des ondes marteneaux, des samplers… je ne le qualifierai pas d’électro, il est trop organique pour être appelé électro…
Valérie : moi je trouve ça vraiment intéressant parce qu’à chaque fois ils essaient de se renouveler. C’est rare.
Jean-Pierre : ouais, puis après le virage électro… je ne pense pas qu’on prenne un virage électro, je ne pense pas que Radiohead prenne un virage électro (NdG : j’ai pas parlé de virage électro moi !!), dans la réalité, ça ne se passe pas comme ça, on ne s’assied pas autour d’une table en disant : « bon, maintenant soyons électro, n’est-ce pas », ce n’est pas ça… nous on a acheté un sampler et un ordinateur et puis on s’est installé et avec ces outils là, la méthodologie change complètement. Et puis en même temps notre approche de la musique en tant qu’auditeurs a changé, on est beaucoup plus éclectique, je pense qu’on fait vraiment le grand écart.
Valérie : et puis après ce qu’il faut savoir aussi, c’est que nous on travaille sur des chansons. Nos chansons, on peut les arranger de mille façon, on fait quand même des chansons, on fait pas encore de l’instrumental ou de la comédie musicale. Après c’est un petit peu les chansons qui dictent leur loi, on est tous au service des chansons, tous dans le groupe. Une fois que la chanson est là, on se demande comment on va l’aborder : est-ce que cette chanson sera mieux traitée comme une chanson classique, à la « Je reviens », en tirant un peu vers la musique de film, ou est-ce qu’on devrait traiter cette chanson de manière plus expérimentale, ou peut-être plus jazz. Tu ne me l’as pas posée donc je réponds à la question que tu ne m’as pas posée (rires), en fait, on a essayé de traiter chaque chanson avec la diversité d’influences qu’on avait, autant en musique de films, que chanson classique, qu’électro. A chaque fois c’était la chanson qui dictait tout, parce qu’on a quand même un texte, une mélodie…
Jean-Pierre : ta voix…
Valérie : et puis une certaine couleur…
Concrètement, le processus de création de la chanson a évolué ?
Jean-Pierre : si, il a changé aussi. Il y avait quand même une donnée de base, c’est qu’on voulait sortir des formats, arrêter d’aligner un pont derrière un couplet et un refrain derrière un pont. Jouer plus sur la répétition, que ce soit sur les textes ou musicalement, jouer sur les longeures, se laisser de l’espace, se laisser du temps entre les choses. Il bien évidement fallu adopter le songwriting, Valérie a changé sa manière d’initier les chansons.