VERA CLOUZOT – Kachina
(Spirit Of Jungle / Wagram)
Avant toute lecture plus approfondie, il est nécessaire de se reporter en bas pour éviter toute confusion qui serait préjudiciable à la compréhension du texte.
Ainsi, et enfin pourrait-on dire, le trio lillois de Vera Clouzot, Nicolas Fahy, Richard Huyghe et Pierre Laplace, revient nous proposer un troisieme opus, « Kachina », après deux ans d’absence depuis l’excellent « The Moon When the Cherries are Ripe » et le non moins excellent premier album éponyme. A noter également la participation du groupe à plusieurs compilations (POPvolume#1, tribute to American Music Club). Ce troisième album se place cependant dans une optique différente dans la mesure où le chant, autrefois en langue d’Outre-Manche, est cette fois en français. Mais qu’avait-on à craindre lorsque l’on connait la qualite d’écriture et les délicates harmonies musicales du groupe?
En fait, beaucoup, car le passage n’est pas anodin et pourrait avoir des conséquences potentiellement désastreuses : des paroles fades (que l’on analyse moins en anglais), un chant différent… Rassurez vous, ce ne sera pas le cas ici, la réussite est quasi-totale.
En effet, même si certains reprocheront des effets de voix un peu trop poussés à Pierre Laplace, victime de son retour à la langue natale, c’est oublier les superbes paroles composées par ce meme Pierre, sans structure mélodique conventionnelle, dont les inspirations multiples (Sherman Alexie, …) et torturées nous guident dans un univers obscur, oppressant par moments, dont l’atmosphère est encore accentuée par l’accompagnement musical extraordinaire (des arrangements superbes) pour lequel le trio initial (guitare, violoncelle, piano) a dû renforcer
sa formation de plusieurs instrumentistes (trompette, batterie, accordéon….) afin de peindre un veritable paysage musical. Ainsi, et même si le disque nécessite surement plusieurs écoutes pour pouvoir pleinement rentrer dans son intimité, on se laissera guider au travers de merveilleux morceaux tels que « L’Orage », vision apocalyptique, « La Meute », relent de désespoir, ou bien « Plain-Chant » et « Nomades ». Mais c’est sur la divine « Sanguine » que l’accord parfait entre chant et enveloppe musical est atteint et ce titre à lui seul mérite que l’on s’arrête sur l’album. Ce même titre nous fera peut etre regretter la faiblesse de certains autres, mais c’est pêcher par envie d’excellence…
Au final, un disque pas nécessairement évident (sur lequel vous ne danserez pas le samedi soir (ou alors…), qui vous emmenera cependant bien plus loin que sur la piste), mais superbe que je vous invite à découvrir au plus vite, en attendant impatiemment le prochain.