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Disques

Wilco – Star Wars

 Wilco - Star Wars

Amis de Rock & Folk, Best et consorts, je vous salue, je suis des vôtres. Le nouveau Ty Segall me laisse froid et je n’ai toujours pas écouté Tame Impala. Et je ne compte pas le faire, qu’on me pardonne. En revanche, j’aime à mourir les vieilleries d’il y a vingt ou trente ans (voire plus) à l’instar de ce Star Wars de Wilco que j’écoute et réécoute en boucle depuis leur diffusion sur internet cet été. Parce que Wilco suit sa route personnelle et se moque de tout, ils nous sont d’autant plus précieux. Imaginez, souvenez-vous en 2011, « The Whole Love », disque monde, l’an passé Wilco fête ses vingt ans, offre une semaine de concert à Chicago et Jeff Tweedy sort avec son rejeton de batteur un double disque, « Sukierae », étonnant et consistant, pas du tout complaisant. On pourrait imaginer des vacances bien méritées. Pas du tout : dans la chaleur et la moiteur de l’été, Wilco offre son nouvel effort (l’esprit Best, vous annonçais-je) en téléchargement gratuit et c’est pas du Radiohead. Suivent la sortie CD (quezaco un CD ? Ah oui ce truc en plastoc qui accompagne Uncut) en septembre et maintenant le vinyle. Y’en aura pour tout le monde mais surtout, vous l’avez compris, pour les vieux de la vieille. Bienvenue dans l’âge du dad rock, pas celui hautement frelaté des Rolling Stones mais celui des vétérans toujours verts de l’americana bien sentie, du folk rock tradi qui n’hésite pas à jeter un peu de punk (le vrai, celui du renouvellement et non celui des pensionnaires titrés en tournée permanente d’autocélébration passéiste) et d’expérimentation dans des mélodies finement troussées.

Ça commence d’ailleurs, comme le « Sukierae », par un court morceau, « EKG », dissonant et puissamment servi par une batterie pleine de contre-temps charmants. Visiblement, les Wilco ne sont toujours pas là pour rigoler et vivre comme des rentiers. Autre leçon à contre pied, « Random Name Generator » (voire « Where do I Begin »), de facture apparemment très classique mais qui se barre en sucette à la moindre occasion : le refrain est suivi de guitares glorieuses, le son et la tension montent de plus en plus. Ceux qui aiment et qui prendront le train pour aller les voir en concert ne seront certainement pas déçus lorsque le titre sera paré de ses habits de lumière scénique, je m’y engage.

Entendons-nous bien, ce n’est pas le meilleur album de Wilco, les meilleurs ont déjà été livrés pour la multitude (la trilogie « Yankee Hotel Foxtrot », « Ghost is born », « Sky Blue Sky » voire « Summerteeth ») mais Wilco continue et, je prends les paris, continuera à donner des disques toujours intéressants, riches et, de plus, à montrer sur scène une flamboyance inouïe d’un groupe de stade avec le panache et l’intelligence d’un petit groupe indé.

Globalement, « Star Wars » est un peu plus ramassé, plus rock et tendu que le précédent voir peut-être que toute la discographie de Wilco. C’est ce qui fait son charme et sa fraîcheur.

Pour autant on ne lâche pas des recettes gagnantes : « You Satellite » a des faux airs de « Spiders (Kidsmoke) » (cf « A Ghost is born », c’est dire si c’est bon), lente ascension, caractère de basse ombrageuse, un brin de shoegaze saturé, des éclats de guitares clairettes pour un titre vraiment cosmique.

On y trouve des moqueries dylaniennes avec voix nasillarde et traînante (« The Joke Explained ». On se rit vraiment de Dylan là ou quoi ?) et des gentilles folk songs comme « Taste the ceiling » (sans la profondeur de celles de « Sky Blue Sky », ok, ok…) mais toujours des petites trouvailles par-ci, par-là et des habillages sonores classieux.

Exemple : ce « Pickled Ginger », blues charbonneux qui vire à la cavalcade (Dieux ! Quel batteur ce Kotche) puis à la guerilla de guitares qui évite soigneusement le soli prolongé et finit brutalement.

Ou encore ce « Cold Slope » (et sa suite de luxe « King Of You »), qui navigue entre les dissonances de boeuf de guitares, la rigueur des plans basse-batterie avec quelques explosions de guitares fines comme de la dentelle au milieu.

C’est ici que je laisse mes âgés confrères, je préfère les toujours fringuants Wilco aux vues plus larges et encourage ceux qui espèrent d’improbables reformations d’Humble Pie et Hot Tuna en pleurant la mort de Phil Lynott à porter leurs regards vers la bande à Tweedy.

Wilco est un navire de guerre, une frégate rapide, légère et pourtant lourdement armée.

Elle envoie une dernière torpille, direct au coeur, un « Magnetized », nappes de claviers qui donnent le mal de mer et finit sur un tapis beatlesien presque sans transition. C’est du grand art.

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