Il arrive parfois que des groupes étrangers jouent à Lyon sans passer par Paris. Cela avait été le cas des Californiens de Savage Republic il y a quelques années ; cette fois-ci, c’est le Londonien Vic Godard, 55 ans, et l’énième formation de sa Subway Sect qui faisaient halte dans la capitale des Gaules (en espérant trouver une date parisienne dans l’année). Quand on pénètre dans la petite salle du Trokson, bar situé sur les pentes de la Croix-Rousse, Vic est à une table, en train de discuter avec ses musiciens. On le salue puis on jette un œil au riche merchandising posé sur une table : le dernier album « We Come as Aliens » (2010), des compilations de titres rares sorties récemment sur le microlabel artisanal Gnu, et une impressionnante collection de T-shirts, dont un reproduit une coupure de presse, critique peu amène d’une prestation de Subway Sect, sans doute aux tout débuts du groupe.
Après l’honorable première partie d’un trio local, Vic Godard et ses quatre musiciens (pas beaucoup plus jeunes que lui, dans l’ensemble) se serrent sur le petite scène. A la batterie, l’un de ses vieux camarades, l’ex-Sex Pistols Paul Cook (photo ci-dessous), présence mise en avant sur les affiches pour attirer les nostalgiques de la période punk, suppose-t-on. D’ailleurs, dès les premiers accords, ce sont des spectateurs ayant visiblement dépassé la quarantaine qui pogotent le plus, vite rejoints par d’autres nettement plus jeunes. La musique ne s’y prête pourtant pas forcément, même si le groupe, approximatif juste ce qu’il faut, retrouve quelque chose de la fraîcheur et de l’amateurisme des années 76-77.
Vic promène son profil de Nosferatu d’un côté à l’autre de la scène, sans prêter une attention particulière aux spectateurs qui se bousculent et sautent dans tous les sens. On se demande bien ce qu’il en pense, lui qui chantait « We oppose all rock’n’roll » à ses débuts… La setlist d’une quinzaine de morceaux va puiser dans toutes les époques de sa carrière, faisant aussi une bonne place aux extraits du dernier album, dans une veine cabaret-pop plutôt séduisante. On est heureux d’entendre des perles de sa discographie comme « Stop That Girl », « Stool Pigeon », « Holiday Hymn » ou « Won’t Turn Back », même si la voix un peu limite et le son pas vraiment idéal (on entend beaucoup la batterie, nettement moins l’orgue) ne rendent pas forcément justice à la finesse des mélodies.
Le meilleur est pour la fin, avec l’enchaînement de trois classiques de Subway Sect (« Nobody’s Scared », « Chain Smoking » et « Ambition »), et le déchaînement du public. Sortie de scène, suivie quelques minutes après par le retour du chanteur, pour une version étrange, presque blues, de « Nobody’s Scared ». « Everyone is a prostitute/Singing a song in prison » : à 20 ans, Vic avait déjà tout compris. Contrairement à lui, sa musique et ses textes n’ont pas pris une ride.