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Disques

Trupa Trupa – Headache

Trupa Trupa - Headache

Avec « Headache », Trupa Trupa met la Pologne sur l’échiquier de la musique pop pointue. Un disque mouvant et souvent passionnant.

Il faut bien l’avouer, on ne connaît pas grand-chose de la scène polonaise actuelle. Merci donc à Ici d’ailleurs et à son clairvoyant patron Stéphane Grégoire de nous la mieux faire connaître. Est-il encore nécessaire de présenter ce label qui s’avère être peut-être le meilleur label français ? Qui peut se vanter de présenter des sorties aussi excitantes que les disques de Michel Cloup, l’annonce d’un nouveau Mendelson ou encore du troisième disque des Marquises à venir bientôt ?

Ici d’ailleurs est aussi d’une grande pertinence dans ses découvertes et il faut bien le dire, avec Trupa Trupa, il ne se trompe pas. Trupa Trupa fait bien plus que de remettre la Pologne sur la carte musicale, il sort en plus un disque à la fois magistral et inventif. Un disque qui ne se refuse rien. Un pied dans le krautrock, un autre dans la noise, avançant à vue entre Sonic Youth et Can, interpellant ici Beak >, là faisant les morveux en narguant la ligne claire quand ils ne dérapent pas dans la dissonance. Trupa Trupa propose un acte créatif qui relève à la fois du régressif et du réfléchi. Ce que l’on pourrait appeler du bruit intelligent.

Prenez le son poisseux de « Snow » en ouverture entre fanfare désaccordée et rupture bravache ou encore « Halleysonme » en contraste avec ses résonances industrielles et glaciales. Chaque titre qui constitue « Headache » fonctionne sur un registre différent. L’ensemble pourrait manquer de cohérence, mais ces messieurs de Trupa Trupa savent parfaitement nous mener d’un point A à une droite en cassure. Il faudra juste s’habituer à ne pas trop s’attacher à une ambiance comme ce « Sky Is Falling » qui doit tant aux Pixies période « Doolitle » que « Sacrifice » qui convoque les sixties. « Gettin’ Older » résume à lui seul la démarche des Polonais, laisser libre cours à l’envie qui passe. Etre de chaque instant, prendre la rupture comme manifeste de son écriture. Se jouer des genres, ne pas se restreindre, oser les lourds solos de guitare, la voix atonale. Ces quatre-là ont bien retenu les leçons que Slint leur a appris. 

Quand on sait en outre que ce n’est pas le premier disque du groupe mais le troisième et qu’un nouvel album est annoncé pour 2017, on se dit que l’on tient sans doute avec Trupa Trupa une source inépuisable d’excitation et de déjà découverte.

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