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The Wild Swans – The Coldest Winter for a Hundred Years

The Wild Swans - The Coldest Winter for a Hundred Years

« 2010 : année Wild Swans ? », écrivions-nous avec une pointe d’ironie dans la partie « Revenants » de notre bilan de l’année 2009. Revenu des limbes où il flottait depuis des années, le groupe de Liverpool nous avait fait un petit cygne quelques mois plus tôt sous la forme d’un superbe single à deux faces, « English Electric Lightning ». Format presque obsolète, et qui renvoyait fatalement à leur principal titre de gloire, ce « Revolutionary Spirit » de 1982 qui aurait dû les propulser en première division indie, aux côtés de leurs concitoyens Echo and the Bunnymen ou Teardrop Explodes. Au lieu de cela, les Wild Swans menèrent une non-carrière exemplaire, ne sortant pas d’album avant 1988 et disparaissant des radars quelques années plus tard, dans l’indifférence quasi générale. Parmi les compilations rassemblant leur maigre discographie, on en trouve une sortie par Warner aux Philippines (ils furent populaires là-bas, étrangement, et y rejouent même bientôt) : une certaine façon d’être très loin.

On se sera donc trompé d’une année, ce qui, pour un groupe muet depuis deux décennies, n’a pas grande importance. D’autant que “The Coldest Winter in a Hundred Years” est bien peu de son temps ; plus qu’un disque nostalgique, c’est un disque qui fait de la nostalgie son unique thème. Le titre lui-même reprend celui de la face B de « English Electric Lightning », un long et magnifique morceau parlé dans lequel Paul Simpson égrenait ses souvenirs de Liverpool au début des années 80. On y croisait Pete de Freitas des Bunnymen, Julian Cope des Teardrop Explodes, Pete Burns, futur Dead or Alive… Dans “Chloroform”, il est question du grand-père et du père du chanteur, qui ont combattu respectivement pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale. Quant à “My Town”, le titre et les “It’s over now, it’s over now” du refrain sont suffisamment explicites.

Mais plutôt que de s’y complaire, Simpson (fondateur et seul membre d’origine du groupe) semble puiser dans ces résurgences du passé une vigueur nouvelle. Les éléments qui faisaient de “Revolutionary Spirit” une chanson exceptionnelle – malgré un mixage raté – sont tous là, mais comme décantés, la fougue orgueilleuse de la jeunesse ayant laissé la place à la sérénité d’un homme qui n’a plus rien à prouver. Les mélodies fortes, voire carrément renversantes (“Liquid Mercury”, “In Secret”, “English Electric Lightning”, “When Time Stood Still”…) ; les guitares fières et conquérantes, mais qui savent aussi instiller la mélancolie, comme jadis celle de Maurice Deebank chez Felt ; des choeurs et des parties de clavier aériens, qui empêchent le pathos et la boursouflure. Et puis, bien sûr, la voix de Paul Simpson, débarrassée des maniérismes new wave, au lyrisme plus contenu, mais toujours aussi habitée, et jamais aussi bien mise en valeur. Pour lui, les Wild Swans ont enfin livré leur chef-d’oeuvre ; disons en tout cas qu’avec Peter Astor et les Feelies, ils nous offrent le retour le plus digne de l’année.

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