Comme tout le monde, je préfère les vieux albums des Silver Jews, d’Herman Düne et évidemment des Mountain Goats. Ces albums mal peignés, urgents et essentiels. Et si je déplore (un peu : c’est mon côté vieux con), dans ce trio de tête, le virage classic rock/enregistrement chiadé en studio, je découvre toujours avec grand plaisir les nouvelles productions de John Darnielle.
Oui, j’aime beaucoup « Heretic Pride » (réécoutez au besoin « Autoclave », « So Desperate », « How to Embrace a Swamp Creature »), et même j’apprécie « The Life Of The World to Come » avec son abus du piano et ses titres issus de citations/illustrations des versets de la Bible (« Psalms 40 :2″, Philippians 3-20-21″ ou Matthew 25 :21 »). Faut-il y voir un fort esprit de contradiction lorsqu’on apprend que son dernier album a été enregistré par le guitariste de Morbid Angels ? N’ayez crainte : pas de chants gutturaux, ni de guitare trashy mais de la chèvre de montagne pur jus, chant nasillard et guitare folk (plus Mick Jagger que Bob « 70 » Dylan), batterie qui claque et basse solide (« Prowl Great Cain »), quelques notes de piano et de sacrées bonnes chansons aux titres toujours aussi éloquents et portés sur le name dropping (« Autopsy Garland », « For Charles Bronson », « Liza Forever Minelli »). Les chansons restent aussi excellentes que cryptiques : vous savez, vous, ce qu’a/ont bien pu faire le(s) narrateur(s) de « Neon Orange Glimmer Song » ? On sait depuis Bret Easton Ellis qu’il y a des vampires en Amérique (à L.A.) mais qui sont ces créatures décrites dans « Damn these vampires » ? Cette ouverture permet aux Mountains Goats de lancer de nouvelles pistes d’arrangement, loin des lourdeurs métalliques attendues : quelques notes de piano à pouce surgissant au beau milieu de la chanson. On notera aussi quelques pizzicati sur « Outer Scorpion Squadron » ou un chœur mâle supportant « High Hawk Season ». Qui l’eût cru ? Avec « All Eternal Deck », John Darnielle et ses Mountain Goats concourent toujours pour le titre de meilleur écrivain de chansons du monde et sortent une nouvelle collection de morceaux impeccables, sans titres faibles et aux tubes imparables (ajoutez aux précédemment cités « Age of Kings » et « Birth of Serpents »). John Darnielle est éternel.