Hé, vous vous souvenez ? « The Facts of Life », Black Box Recorder, 2000 : ces garçons qui « ont des rêves qui se développent en idées » (et pas qu’elles, serait-on tenté d’ajouter). Devenir astronaute, pompier, rocker ? Puberté, grande idée… Il y a deux ans, Telekinesis a brillamment passé son brevet en power pop mention Bien avec un premier album nommé pareil + un « ! » (chanmé, comme dirait une amie). Deux ans, c’est un monde, mais on écoute toujours « Coast of Carolina », classique en devenir. Et voilà déjà le Bac, ce « 12 Desperate Straight Lines », mention Assez Bien. Plein de mauvaise grâce, l’examino ? Oui, mais non. Avec sa tête d’Apatow-hero pas tête à claques (rare, ça), le chanteur Michael Benjamin Lerner est toujours aussi sympathique derrière ses fûts (rare, ça aussi). Alors quoi ? Plus de chansons ? Ah, ben si et des jolies toutes frêles (« Patterns », qui irait très bien au teint du « Third » de Big Star) ou plein d’autres pas frêles du tout. Et c’est là que le bât blesse. Chris Walla, le monsieur derrière les Death Cab for Cutie (quelqu’un peut m’expliquer ce groupe ?), a boosté le son pour faire viril. Vroom vroom, tout poilu, Telekinesis et qui roule des mécaniques. Hé ! et si on jouait à être Jane’s Addiction, rien qu’une minute ? (« I Cannot Love You »). Ou Nirvana, juste trente secondes (« Country Lane »). Ou Spoon, tant qu’on y est, le temps d’une intro (le classieux, comme qui dirait, « Please Ask For Help ») Ou un quelconque bouseux qui rote sa guitare portée en sautoir de boxer (« 50 ways », à dégraisser dans nos rêves) En bref, Telekinesis bouge trop du côté du mâle rock’n’r’roll, et c’est dommage car leur dynamique est la même – aller vite et droit – et leur talent mélodique intact. C’est pour ça aussi qu’on les sauvera (« Dirty Thing », « Car Crash »). Et parce qu’on aura toujours quinze ans en écoutant « You Turn Clear In The Sun », épatant et qui tournicote et tournicote, et ne devrait jamais s’arrêter. Si seulement…