Avec « Snowdonia, les Américains de Surfer Blood et leur pop bondissante refont surface, moins d’un an après la disparition de leur guitariste Thomas Fekete.
Des influences hautement respectables (Weezer, Pavement, Lemonheads, Pixies), des chansons bondissantes et d’une bonne tenue constante, un indéniable capital sympathie mais rien qui permette pour autant de crier au génie. Depuis 2010 et son tout premier essai (« Astro Coast »), Surfer Blood avait toujours été pour nous une formation de milieu de tableau, capable de quelques fulgurances mais encore éloignée des premiers rôles. Et puis, c’est un peu par hasard que nous avons posé une oreille sur l’imposant « Six Flags in F or G ». Extrait du quatrième album des Américains, ce morceau sinueux, oscillant à l’envi entre surf music et indie rock et allant même jusqu’à évoquer par endroits les merveilleux Bats, nous a convaincu de réexaminer illico presto le cas de Surfer Blood. Bonne pioche, tant les sept titres qui entourent ce premier extrait plus que prometteur se révèlent être bien au-delà de nos attentes.
Bien outillés sur le plan mélodique (« Taking Care of Eddy », « Frozen »), le chanteur John Paul Pitts et ses camarades se jettent de nouveau à l’eau, moins d’un an après la disparition de leur guitariste Thomas Fekete auquel ce disque courageux rend un bien bel hommage. Les passages les plus évidents, tels « Matter of Time », « Dino Jay » ou un « Instant Doppelgängers » aux arpèges mordants comme du Vampire Weekend, ne renient en aucune façon la pop solaire et fougueuse à laquelle Surfer Blood nous avait habitués. Mais une forme d’ambition inédite pointe simultanément le bout de son nez sur « Snowdonia » : les presque huit minutes de l’épique chanson-titre, la construction à tiroirs de « Six Flags in F or G » ou les chœurs pop 60’s du final « Carrier Pigeon » avancent ainsi quelques indices quand à l’éventuelle teneur des futurs travaux du quatuor de West Palm Beach. En attendant de les voir emprunter plus avant ces nouvelles pistes, « Snowdonia » s’apparente d’ores et déjà à une renaissance.