Après avoir joué au chat et à la souris pendant deux semaines, rendez-vous est pris avec Nicolas Falez dans un café du 11ème où des écrans plats retransmettent bruyamment les derniers échos de la campagne présidentielle. Difficile d’échapper à cette actualité brûlante même quand on voudrait en évoquer une autre : le retour discographique de Superflu après un long silence de presque sept ans. Superflu, c’est trois albums et treize années de carrière. Un groupe qui avance à pas feutrés dans un monde médiatiquement saturé où on ne l’attend pas vraiment. Pugnace, la troupe de Nicolas Falez et de Sonia Bricout impose pourtant ses belles mélodies, ses saillies de guitares et ses textes acides montrant qu’elle a toujours la fièvre et l’envie d’exister. Un peu par nostalgie des débuts, beaucoup pour la qualité de « La Chance », leur dernier album, nous leur tendons l’oreille bien volontiers !
Pourquoi s’est-il passé autant de temps entre ce disque et les deux précédents ?
Entre les deux premiers albums, c’est allé assez vite, 1998 et 2000. Et puis, à l’époque on imaginait bien enchaîner, peut-être moins rapidement, mais nous avions des nouvelles chansons. Et puis, il s’est passé ce qu’il se passe pour beaucoup de gens à savoir que notre label d’alors nous a fait comprendre qu’il n’y aurait pas de troisième album.
Donc, vous êtes devenus des jeunes retraités de la musique…
Des licenciés. Il y a eu des débuts super avec Village Vert et puis une fin sous cette forme-là. Mais l’amertume n’est pas ce qui domine aujourd’hui. De notre côté, nous avions envie de continuer. Alors il a fallu retrouver un label, ça a été les Belges de Top Five Records, enregistrer, mixer, tout ça a pris du temps. C’est incroyable comme le temps passe vite !
Vous avez fait quoi pendant toute cette période ?
Pendant six ans et demi on a travaillé sur des morceaux, on en a jeté d’autres, on a écrit de nouvelles chansons et joué un petit peu.
Dans quelles mesures le groupe a-t-il évolué avec ce nouveau disque ?
C’est difficile à décrire le rapport entre la continuité et le changement. Ce qui est très central, c’est le travail sur les mots et sur les deux voix. Sur « Tchin Tchin« , on a fait rentrer des cordes et des cuivres qui sont encore là. Dans « La Chance », on a aussi fait rentrer des guitares électriques saturées, des mélanges de programmations et de choses très acoustiques. Dans ces ingrédients musicaux, il y a toujours une espèce de reformulation. En revanche, ce qui est spécifique au troisième album, c’est la façon de procéder : 80 % du disque ont été enregistrés en quatre jours, en studio, en live (basse batterie, guitare rythmique et chant). On voulait quelque chose de brut, pris sur le vif pour pouvoir construire autour. Les 20% restants ont pris beaucoup de temps. D’une manière globale, j’étais très content de ce noyau rythmique et chant car j’avais quelques souvenirs pénibles des précédents enregistrements où l’on avait fait les prises séparément. Pour nous, c’est une bonne méthode d’un point de vue artistique et économique.
J’imagine qu’après une aussi longue absence un groupe comme le vôtre doit avoir faim de concerts, non ?
Oui, oui, on fait quelques dates en ce moment mais surtout il y a une tournée d’automne qui est en train de se monter. Au-delà de cette « faim » dont tu parles, je voudrais dire que ce qui nous a aidés à tenir pendant tout ce temps, ce sont les messages des internautes sur notre site. Le fait que le disque existe depuis quelques semaines et que nous allons bientôt tourner, c’est aussi une manière de répondre à toutes ces sollicitations et ces encouragements que l’on a reçus.