Régulièrement, Stanley Brinks nous envoie un disque comme une carte postale. Celle-ci nous vient de Norvège, comme quoi, des bonnes nouvelles peuvent aussi arriver de là-bas cet été. Stanley et Clémence se sont fait de nouveaux amis avec les Kaniks (« it means the Cannots, the ones that cannot sing, in southern Norwegian » nous précise Stanley sur la pochette) qui, s’ils ne savent pas chanter, savent onduler entre le klezmer, le calypso et le nordic reggae. On y fait la découverte de nouvelles sonorités et instruments peu usités dans la pop moderne sous haute influence anglo saxone avec le baglamas (« small enough to be taken in a Greek prison », décidément cette pochette est pleine d’informations). Cet album ravira les fans de banjos et autres mandolines mais surtout les inconditionnels de Stanley Brinks, bien sûr, dont on peut dire, parodiant John Peel à propos de The Fall : « always the same but always different ». On retrouve donc cette facilité d’écriture qui donne envie de chanter et de faire partie des chœurs avinés (« How do I know », « Once in a while ») On imagine le plaisir que cela a dû être d’enregistrer ces chansons drôles et quelques fois amères (« Give it to me straight », »Broken Man ») dans le phare d’Egersund, ce Jamaica Inn, hôtel de passe norvégien. Stanley, à l’écriture des chansons et des arrangements, semble s’être beaucoup amusé à ne s’occuper que de chanter. Ses prises de voix sont d’ailleurs de plus en plus belles et accentuent le tremolo au fil des années, à rebours d’un Dominique A. D’ailleurs, toujours à rebours, il nous semble que plus son frère écrit des chansons mystiques, plus Stanley, lui, se radicalise politiquement (« Big surprise »). Semblant poursuivre l’œuvre du père Leonard Cohen, celui de « First we take Manhattan », Stanley arrive à en-chanter des constats nécessaires sur la guerre que les plus aveugles d’entre-nous feignent encore d’ignorer et sur les amitiés et amours indispensables à la (sur)vie. Pour ceux qui n’aiment guère Stanley, André H.D, Ben Haschich ou Dope, les Dünes ni même les Dunes, vous pouvez toujours écouter le sombre morceau instrumental « It’s all the same to me », tout en contrebasse, cordes et cuivres, à la fois vaisseau fantôme et vestige de ce qui aurait peut-être pu être l’une des chansons les plus tristes de Stanley. C’est dire.
Précisons enfin que l’album est disponible en CD et vinyle et contient plein de petits textes brinksiens, dont on raffole tant, introduisant les chansons.
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