SMALL BLACK – New Chain
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Et un de plus. La vague electro pop de ce début de siècle n’en finit décidément pas de nous abreuver de son aura "retro-hippie" dopée au chiptune et autres boucles rythmiques club aussi kitsch les unes que les autres. Aux mastodontes du genre que sont Yeasayer, Hot Chip ou ces bobos de MGMT viennent s’ajouter les discrets New Yorkais de Small Black qui signent là leur premier album. Au programme, ambiance planante avec voix quasi éthérées (et/ou sous l’emprise de substances), fixées à des synthétiseurs pour un résultat au final assez conventionnel, qui à défaut de se détacher de ses modèles, emprunte une voie dont les contours sont désormais connus.
Le rendu sonore n’est pas en soi une contrainte, pour peu qu’on aime le minimalisme club inspiré des eighties et qu’on apprécie la sobriété du son électronique, mais le tout souffre d’un cruel manque de rythme. Les morceaux s’enchaînent avec peu de conviction, selon un schéma pop assez répétitif. L’impression d’écouter un véritable album n’est pas présente tant l’organisation des morceaux ne semble avoir d’impact sur l’écoute. Dix titres sont posés là un peu par hasard, comme la variation d’un même thème dont on aurait changé la couleur des sons. La qualité des arrangements est cela dit sans faiblesse et chaque morceau reste parfaitement équilibré dans sa structure. La grande faiblesse de Small Black est finalement d’être trop dépendant du matériel numérique avec lequel il compose, sans parvenir à se détacher des contraintes de l’outil. L’écoute révèle toutes les grosses ficelles de la composition par ordinateur, du séquenceur numérique au mixage très propre des différents instruments, dont l’interaction se limite à une superposition sans accroc. C’est d’autant plus dommage que la musique en elle-même se révèle suffisamment évocatrice pour nous donner goût à ce type de sonorités.
La demi-heure passée avec Small Black s’interrompt aussi soudainement qu’elle a commencé et nous laisse un peu sur notre faim, espérant cette fameuse envolée qui ne s’est pas produite. Quant aux frustrés, je les renverrais vers l’excellent "Let It Beep" du groupe Royal Bangs qui, surfant sur le même genre, marie davantage de sonorités et se montre d’une nervosité à toute épreuve, rappelant un peu le punk brut de "Entertainment!" de Gang of Four. Pour les plus calmes, un petit Neon Indian fera amplement l’affaire.
Pierre Gourvès
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