Après avoir usé et abusé de nos nerfs avec un album rêche et strident, « Hexadic », Ben Chasny, contre toute attente, revient avec un album doux et léger. Mais peut-être n’aimons-nous pas être caressés un peu trop dans le sens du poil ?
On l’attendait. Le voici. Fini les combinaisons hasardeuses du Hexadic System dont « Hexadic », l’album, nous avait donné un avant-goût, retour aux fondamentaux : une base de guitare folk, triturée comme seuls les maîtres anglais et quelques moines folkeux d’outre Atlantique savaient le faire, une répétition de motifs très orientale, quelques percussions par-ci par-là et sans oublier une ou deux guitares électriques qui courent l’échappée belle. Serait-ce le retour au meilleur du Chasny ? Rêve-t-on ou découvrons-nous avec plaisir la présence du compagnon de route, Alex Neilson de Trembling Bells à la batterie et… Chris Corsano aux percussions ??? Oui le Corsano qui faisait voler les compositions de « School of The Flower », à coups de percussions les plus free que le folk ait pu encaisser.
Cet album a tout pour plaire et pourtant, il me laisse un peu sur ma faim… D’abord parce que Corsano est bien sage, qu’on attend des explosions psyché comme sur « A Thousand Birds » qui ne viennent pas, ensuite parce que les parties de guitares tournent un peu en rond…
Il faut, pour arriver à apprécier cet album, prendre le temps de se plonger dans une écoute globale et se laisser guider plus par les paroles que par la guitare (ou du moins autant). On sait que la rencontre avec Elisa Ambrogio des Magik Markers l’a poussé à accorder plus d’importance aux chansons. C’est peut-être là que le bât blesse, car on aimait ce folk un peu bancal, entre tradition et forme free, ces textes littéraires récités ou absents. « Burning The Threshold » est très classique, du moins pur un album de Six Organs of Admittance. Donc pas de surprises et c’est un peu triste. Même l’inévitable caméo de Gaston Bachelard est de la partie sur « Adoration Song ».
Il faut attendre la moitié de l’album avec un « Taking By Ascent » pour dresser un peu l’oreille. Est-ce l’apport d’une basse lourde et vrombissante, ce premier beat de batterie hyper convenu ? Pour un peu, on se croirait dans une version du Comets on Fire acoustique (c’est une blague, hein). C’est inattendu, efficace, un peu plus libre tel ce clavier psyché et ces guitares qui tâchent. On reprend vie !
Ne boudons pas notre plaisir tout de même, Chasny gratte comme un Dieu et nous enlace dans des boucles toujours magiques, orientalisantes à souhait et qui devraient ravir l’aspirant guitariste qui sommeille en vous (ou vous inspirer plus que jamais si vous savez vos gammes).