SHANNON WRIGHT – Secret Blood
(Vicious Circle / Discograph) [site] – acheter ce disque
Parfois, c’est compliqué de parler d’une artiste que l’on apprécie particulièrement. Mais Shannon Wright, c’est autre chose, c’est la peur de la redite qui me menaçait, alors qu’elle m’avait enthousiasmé avec "Honeybee Girls", disque déjà très fort, mais qui n’était peut-être pas son meilleur. Et échappant à tout schéma de carrière, elle revient tout juste un an après son dernier disque. Et si la maturation a du bon pour certaines choses, il est assez rapidement clair que ce disque a eu une croissance fulgurante, en tout cas on peut le supposer, tant il sonne comme un aboutissement pour cette artiste qui ne s’interdit rien.
Il faut une bonne dose d’assurance dans son écriture pour écrire un disque comme ça, qui s’ouvre et se referrme sur des climats souffreteux ("Palomino" est plus sombre que "Chair to Room", où la lumière perce doucement), en pointillés mais qui se font écho de manière assez évidente. Entre les deux, Shannon Wright déroule, fidèle à elle-même mais sans jamais donner l’impression de se répéter. Au contraire, on redécouvre, encore et toujours, cette impression de puissance, d’explosivité qui affleure sur chaque titre. Par moment, les chevaux sont lâchés, et les guitares se font abrasives, tranchantes ("Fractured"), sur une mélodie tendue comme un arc, mais plus souvent, on est dans la nuance, entre violence quasi palpable et voix effacée, caressante, quand les instruments envahissent l’epace. On entend alors tout, les cordes de guitare sur lesquelles glissent les doigts de miss Wright ("Violent Colors"), le piano qui dégage une lumière froide, cette batterie sèche et d’une sobriété exemplaire. Et si cela pourrait être austère, ça ne l’est en fait jamais, tant l’émotion qu’y met Shannon Wright est forte, tant son interprétation est poignante et toujours sincère. "On the Riverside", qui s’égrène note par note, "Commoner’s Saint" tout en guitares, les fausses ballades que sont "Merciful Sercret Blood of a Noble Man" et "Under the Luminaries" ou encore "Satellites", qui se déroule suspendu en l’air : tous ces titres sont autant de décharges d’émotion et de preuves d’une liberté artistique totale, de la part d’une chanteuse parfaitement à l’aise dans son écriture et qui parvient à créer une atmosphère intime dans chacune de ses chansons. Apaisée, si l’on se fie à certans titres, mais aussi capable de distribuer de terribles coups de griffe, c’est surtout un grand coup de coeur que je ressens pour cette artiste, immense et inclassable, si ce n’est quelque part entre folk et rock. Mais peu importe : elle est Shannon Wright, et c’est parfait comme ça.
Mickaël Choisi
A lire également, sur Shannon Wright :
l’interview (2010)
la chronique de « Honeybee Girls » (2009)
la chronique de « Maps of Tacit » (2007)
la chronique de « Let In the Light » (2007)
l’interview (2007)
la chronique de « Flightsafety » (2005)
l’interview (2004)
la chronique de « Over the Sun » (2004)
la chronique de « Perishable Goods » (2002)
l’interview (2001)
Palomino
Violent Colors
Fractured
Dim Reader
On the Riverside
Commoner’s Saint
Merciful Secret Blood of a Noble Man
Faigrounds
Satellites
In the Needle
Under the Luminaries
Chair to Room