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Disques

Shannon Wright – Honeybee Girls

SHANNON WRIGHT – Honeybee Girls
(Vicious Circle / Discograph) [site] acheter ce disque

SHANNON WRIGHT - Honeybee GirlsMystérieuse, un peu (injustement) méconnue, Shannon Wright s’est pourtant bâti une carrière au-dessus de tout soupçon en une petite dizaine d’années. Au travers de plusieurs disques brillants, elle a su imposer avec talent et finesse un univers particulièrement intense, qui avait beaucoup marqué à ses débuts, comme sur "Maps of Tacit" (réédité en 2007, mais sorti en 2001), modèle de disque passionné à l’extrême, à tel point qu’il pouvait sembler dérangeant, en tout cas troublant et d’une puissance émotionnelle incroyable. L’ombre d’un apaisement planait tout juste sur son dernier disque "Let In the Light", mais la folk-rockeuse avait conservé quelques montées en régime et coups de griffe. Alors, il restait à voir ce que "Honeybee Girls" annonçait pour celle que l’on a comparé à Cat Power à ses débuts.

Fort heureusement, vous pouvez oublier les aspirations jazzy de notre icône de mode indie-rock, Shannon Wright reste fidèle à ses aspirations, ce mélange entre calme ambiant et bouillonnement des émotions. Mais si le piano est absent sur l’ouverture "Tall Countryside", à part pour distiller quelques notes dans cet espace vaporeux, on sent qu’il y a une volonté d’aller expérimenter de nouvelles choses, au travers d’arrangements quasi imperceptibles. Bien plus direct, "Trumpet’s on New Year’s Eve" réaffirme la filiation souvent faite entre la chanteuse originaire d’Atlanta et PJ Harvey : l’assaut est frontal, le chant affirmé et fièrement campé sur ses intonations, cette force dans la voix qu’on sent toujours proche de se briser. Toujours orageux sur "Embers in Your Eye", le climat est violemment rompu sur "Honeybee Girls", tout en langueur dans la voix, malgré cette batterie très présente, et avec ces touches synthétiques quelque peu inhabituelles pour Shannon Wright. Si le repos semble de mise sur le paisible "Black Rain", il suffit de gratter un peu pour voir apparaître des lignes de cassure dans le titre. Souvent, la réécoute d’un titre de "Honeybee Girls" verra les impressions initiales évoluer, le temps que ces mélodies livrent leurs secrets, que la voix envoûtante de la chanteuse se dévoile. La production a beau être claire, elle remplit tout à fait sa fonction de servir les morceaux avec discrétion et naturel. Pourtant, le disque renferme des montées vertigineuses d’émotion, exprimée par le dénuement sur "Father", distillée par le piano sur "Strings of an Epileptic Revival" et ses paroles glaçantes : "I’m hanging from your string / I’m your puppet, I’m not your king". Beaucoup plus forte en émotion, clairement différente de la première moitié du disque, cette seconde partie bouleverse une dernière fois avec "Never Arrived", bancal, menaçant, et la reprise du "Asleep" de The Smiths. Celle-ci réussit parfaitement à faire se rencontrer les deux univers, Shannon Wright trouvant dans le texte de Morrissey l’écrin parfait pour confirmer qu’elle est l’une des plus grandes artistes actuelles, pas forcément l’une des plus reconnues. Peu importe, "Honeybee Girls" est de la trempe des grands disques, qu’on écoute religieusement avec respect. Bravo, tout simplement.

Mickaël Choisi

A lire également, sur Shannon Wright :
la chronique de « Maps of Tacit » (2007)
la chronique de « Let In the Light » (2007)
l’interview (2007)
la chronique de « Flightsafety » (2005)
l’interview (2004)
la chronique de « Over the Sun » (2004)
la chronique de « Perishable Goods » (2002)
l’interview (2001)

SHANNON WRIGHT – Honeybee Girls acheter ce disque

Tall Countryside
Trumpets on New Year’s Eve
Embers in Your Eye
Honeybee Girls
Black Rain
Father
Sympathy on Challen Avenue
Never Arrived
Strings of an Epileptic Revival
Asleep

 

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