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Richard Swift – Dressed Up for the Letdown

RICHARD SWIFT – Dressed Up For The Letdown
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RICHARD SWIFT - Dressed Up For The LetdownBien qu’ils soient tous deux influencés par la pop vintage, Richard Swift pourrait être l’anti-Sufjan Stevens : une production foutraque, des albums courts et secs, une instrumentation minimale, sans aucun riff superflu ni place pour l’improvisation. Sur "Dressed Up for the Letdown", sorti l’an dernier aux États-Unis et fraîchement disponible en France (lire notre interview), l’Americana Pop de Richard Swift se passe des fioritures tant prisées par d’autres pour se concentrer sur l’essentiel : les chansons. Au milieu de ce minimalisme guitare-batterie, la respiration vient des petites excentricités qui surviennent de ci, de là : les claps sur "Most of What I Know", la trompette sur la chanson titre, le swing du piano sur "The Songs of National Freedom" (où l’on croirait même entendre les Scissor Sisters !) – des touches minutieuses d’autant plus jouissives qu’elles semblent, elles aussi, composées sur du papier millimétré. Après des années de route et de dépression, Swift apparaît comme un "beautiful loser", qui assure avec classe derrière des chansons impeccablement maîtrisées et taillées pour la scène. Cette perfection se fissure pourtant au milieu de l’album avec le titre "Artist & Repertoire", où la voix se met soudain à trembler : "Sorry Mister Swift, but there’s no radio / that likes to play the songs of your love and sorrow". L’impressionnant jeu de cartes s’écroule soudain, laissant place à un petit garçon puni. L’homme s’empresse pourtant de reprendre le dessus et sauve les apparences en enchaînant avec l’irréprochable "Kisses for the Misses". Mais s’il a retrouvé son sourire enjôleur de crooner, Swift serre désormais les dents, et sa musique prend une dimension plus cynique. "Everyone loves you when you’re gone", chantonne-t-il, sans doute en clin d’oeil à Elliott Smith et Jeff Buckley. L’album se construit autour de cette cicatrice laissée par la faille incise au cœur de l’album. Plus désabusé qu’il n’y paraît, "Dressed Up for the Letdown" prend donc au dépourvu en se cachant derrière une assurance d’apparat.

Christophe Patris

A lire également :
L’interview de Richard Swift
La chronique de "The Novelist / Walking Without Effort"

Dressed Up for the Letdown
The Songs of National Freedom
Most of What I Know
Buildings in America
Artist & Repertoire
Kisses for the Misses
P.S. It All Falls Down
Ballad of You Know Who
The Million Dollar Baby
The Opening Band

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