PONY TAYLOR – Eleven Safety Matches
(Superhomard Records / Module) [site] – acheter ce disque
Pony Taylor est Français. C’est bon à savoir, car après une écoute, ce n’est probablement pas vers Avignon et Toulouse que vous pointeriez votre doigt, mais plutôt vers la perfide Albion. Mais pas de problème pour le groupe : leur son est pop et c’est leur étendard transfontière. Le groupe s’est formé en 2006 sur les fondations de The Strawberry Smell, groupe qui avait eu l’honneur de voir son disque en 2002 sorti par le label new-yorkais Rainbow Quartz, et qui déjà prouvait qu’Avignon n’est pas seulement un grand festival de théâtre. Pony Taylor a vu deux membres s’ajouter (Alex et Laurent, guitare et basse) au trio Christophe, Olivier, Cyril, pour un son toujours délicieux, et une écriture qui rend les chansons accrocheuses dès la première écoute.
Et comme ils ont su ajouter à leur sens mélodique un zeste de morgue bienvenu, ça donne "You Are the Sailor", un titre derrière lequel Oasis courait depuis plusieurs années : riff puissant, montée en puissance dans le refrain et voix parfaitement bien placée, charmeuse et juste arrogante comme il le faut. "Married to Wigan" est quant à lui propulsé par un orgue saignant, et cette fraîcheur qui fait du bien par où elle passe, car elle témoigne d’une passion chevillée au corps, d’une énergie qui botte le cul de bon matin et d’une envie de sonner vrai, sans arrondir les angles (la production du disque est à ce titre parfaite, propre sans être aseptisée). Et nos cinq mousquetaires en ont à revendre, de l’énergie ! Toujours électriques, toujours mélodiques, les cinq Pony Taylor livrent un finale explosif sur "Garden of Nowhere", lorgnant presque sur les canons power-pop outre-Atlantique, avant que "I Try to Keep My Secret" et "Grown With the Orchids" jouent sur un registre plus shiny. Et si le premier titre y ajoute une dose de psychédélisme, le second est une pure merveille d’utilisation des choeurs, qui trouvent dans cette mélodie un parfait écrin, évoquant dans un même mouvement Elliott Smith et la scène pop anglaise, Supergrass en tête.
Et je suis peut-être fou, mais le riff qui ouvre "Bargain Counter Dandy" rappelle celui de "Paint It Black" des Stones : il serait fort mal avisé de leur reprocher, tant ils semblent s’éclater à piocher dans leurs influences et s’en resservir sans fausse honte mais avec une efficacité jamais prise en défaut. Plus concis, les titres qui suivent confirment les belles impressions et les bonnes vibrations perçues jusque-là : "Reed Richards" est un mid-tempo chaleureux et "An Obsessionnal Guitar Player" évoque à nouveau Elliott Smith, sous la forme d’une petite ballade acoustique étincelante, toujours avec les voix de Cyril et Christophe parfaitement entremêlées. Et le trio de fin est du même acabit, entre l’écorché "A Brand New Start", le sautillant "Could We Do the Same Thing" ou "Many Times". Ce dernier, sur un format plus long (cinq minutes passées), maintient le cap et confirme que l’horizon est dégagé pour ces quatre jeunes gens. De leur Sud natal, ils voient le soleil presque tous les jours, mais ils auraient pu naître sous la pluie anglaise : il ne reste en tout cas qu’à se réjouir d’entendre une pop de ce calibre, plus anglaise que l’originale.
Mickaël Choisi
You Are the Sailor
Married to Wigan
Garden of Nowhere
I Try to Keep My Secret
Grown With the Orchids
Bargain Counter Dandy
Reed Richards
An Obsessionnal Guitar Player
A Brand New Start
Could We Do the Same Thing
Many Times