ONEIDA – Happy New Year
(Jagjaguwar / PIAS) [site] – acheter ce disque
Les premières écoutes de "Happy New Year" sont assez déconcertantes : comment peut-on le plus sérieusement du monde faire tenir sur un album autant de styles différents sans passer pour d’opportunistes touche-à-tout ? C’est la question à laquelle répond brillamment Oneida, trio new-yorkais, sur cet énième album – eux-mêmes ne les comptent plus – en dix ans, plus baroque que jamais. Ça commence très fort avec le chant moyen-âgeux de "Distress", et ses harmonies vocales très maîtrisées, accompagné de discrètes boucles instrumentales trafiquées : du médiéval vraiment fantastique. On enchaîne avec la techno-rock de "Happy New Year", des boucles encore, cette fois au service d’un déploiement d’électricité que l’on retrouvera à plusieurs reprises tout au long de l’album. "Adversary" plonge l’auditeur dans un rock épique à la Arcade Fire, avec ses envolées vocales, et la montée en puissance se termine en apothéose avec le sauvage "Up with People" et ses huit minutes de martèlement qui évoquent de vieux souvenirs de Morphine – le groupe, voire la drogue.
Cette majestueuse introduction passée, l’album poursuit ses expérimentations vocales et instrumentales, souvent plus planantes ("Reckoning"), évoquant tour à tour le Moyen-Age (l’obsession récurrente de cet album, comme sur le superbe folk de "Busy Little Bee"), les plages arides d’un Nick Grey, ou certains délires seventies entre Yes (la qualité en plus) et Magma (la sobriété en plus). Bref, "Happy New Year" cache derrière un psychédélisme à multiples facettes une densité qui n’a rien de surfaite, notamment grâce à la qualité instrumentale déployée – la batterie, tantôt lourde, tantôt hyper-dynamique, toujours efficace – et transmet ses obsessions avec une puissance qui ne se dément pas au fil des écoutes.
David Dufeu
Distress
Happy New Year
Adversary
Up with People
Pointing Fingers
History’s Great Navigators
Busy Little Bee
Reckoning
You Can Never Tell
Misfit
Thank Your Parents