De Will Sheff on n’attendait plus grand chose, mais paradoxalement, l’annonce d’un nouvel album d’Okkervil River se profilant à l’horizon a piqué notre curiosité. Alors que l’heure du bilan des groupes indépendants apparus entre 2007 et 2011 laisse dubitatif – discographie trop lisse pour Bon Iver, incursion pop chez Shearwater, et qui se souvient encore de Frog Eyes ? – il faut bien reconnaître que le retour à l’americana et au folk délicat d’Okkervil River a tout d’une très bonne surprise. « Away » s’ouvre avec de jolis arpèges joués sur des guitares boisées, mais aussi une contrebasse ainsi qu’un piano et c’est très bien comme ça. Le titre s’appelle « Okkervil River R.I.P. » et il a tout d’un nouveau départ.
Will Sheff s’est séparé de son ancien groupe et le songwriting s’en ressent. Cette musique est aujourd’hui traversée de moments inspirés, délicats. Les compositions naviguent entre l’orfèvrerie folk et ce mélange de langueur, d’assurance que l’on croirait parfois sorti de « Darkness On The Edge of Town » de Bruce Springsteen.
Sur à peu près tous les morceaux de « Away », on entend de la guitare acoustique, une rythmique lointaine, un peu d’électricité contenue et deux ou trois notes de piano suspendues ici et là. Des éléments de style suffisamment simples et beaux pour que l’on oublie les quelques moments peu inspirés de « The Industry », seule ombre qui vient assombrir ce tableau.
On n’a pas trop fait attention aux textes, mais ils semblent contenir une partie de l’histoire d’Okkervil River vue au travers du spectre forcément autobiographique de Will Sheff. Difficile de choisir un titre plus qu’un autre, mais s’il fallait en garder un ce serait l’immense « Days Spent Floating (In The Half Between) » qui vient conclure l’album en donnant indéniablement envie de voir la suite.