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Disques

Ohayo – The State We Are in

Ohayo - The State We Are In

Ne pas se laisser abuser par le titre : Ohayo est à des années lumières de Belle & Sebastian. Rien à voir non plus avec El Perro del mar dont ils ont pourtant été le backing band. Ohayo poursuit discrètement le travail initié par Talk Talk, à savoir redéfinir le chant de la Terre en creusant dans nos émotions des sillons profonds, faits de peu mais touchant aux essences. Musique du silence, du désert, immobile, post-rock, musique de dépressifs pour dépressifs, appelez cela comme vous voudrez. Si en 2011, ce genre semble s’être donné aux abonnés absents, Ohayo redore le blason. Dès l’ouverture « Wovel after a pause » on pense au Slint de « For Dinner ». Un Slint chaud et rond, sans l’inquiétude, un Slint qui aurait mûri. « Daylight was above me » évoque les premiers albums de Bed, avec ses contretemps, la batterie brossée et la contrebasse. « Again Soon after Sunset » fait resurgir des paysages entraperçus avec Labradford, ajoutant de délicates stridences finales sur le chapelet de notes de guitares portées par une batterie live. « Creaking of boards » et « A bird in the hand » avec leur batterie fantomatique sur des notes éparses de guitare et de vibraphone me donnent envie de réécouter « New Birds » d’Arab Strap !

Si Ohayo fait la part belle aux guitares et aux percussions, les arrangements se font par touches discrètes et soyeuses. Ainsi le piano de « A solitary house » redirige la musique d’Ohayo vers les dernières productions de The New Year, « The end is near » en tête, mais ici, les trompettes, tantôt héroïques (genre Gibichungen de Wagner), tantôt mélancoliques, remplaceraient les tonnerres de guitares de mes Texans favoris. Sur « Shadowed by trees » l’orgue et les cordes assombrissent les arpèges hispaniques de la guitare et le côté messe noire de l’affaire n’est pas sans rappeler le Six Organs Of Admittance de « Shelter from the ash ». Quant aux cuivres, ils ressuscitent l’espace d’un moment les arrangements de l’excellent titre « Pukka » d’Herman Düne. Enfin « To break silence », sortie d’album parfaite, joue sur les arythmies entre cuivres, guitare à la Mice Parade et claviers à la Angelo Badalamenti.

J’ai mon quota de références. Ouf, on peut souffler, oublier tout cela et réécouter ce superbe album d’Ohayo qui vient de se tailler une bonne place au chaud dans mon panthéon personnel et de grimper très haut dans le classement des albums de l’année. Ajoutons pour finir, que la pochette (peinture et lettrage au crayon de bois) est très belle, comme toujours chez le label Häpna, et que Ohayo est aussi passionnant sur scène que sur disque. Promoteurs de tous les pays, à bon entendeur…

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