NINA NASTASIA – Outlaster
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Il y a dix ans, une nouvelle artiste émergeait de la scène folk indépendante New Yorkaise. Son album « Dogs », sorti sur Socialist Records redéfinissait les codes du genre, et sa voix majestueuse imposait un nouveau style, celui d’une musique quasi mystique où la solitude, la nature sauvage et l’amour se mêlaient dans des textes poétiques se rapprochant de la poésie amérindienne. Son précédent opus, « You Follow Me Now » était une très belle collaboration avec Jim White des Dirty Three, mais elle abandonne pour « Outlaster » ses percussions atypiques pour revenir à ses premières amours: une folk sensible et épurée. « Outlaster » est le digne successeur de son précédent album solo « On Leaving », sorti en 2006.
Nina Nastasia continue à explorer une folk sombre, construisant autour d’elle un univers musical intense et parfaitement cohérent, qui la place auprès des grands songwriters américains comme Neil Young ou The Grateful Dead. Elle rappelle aussi l’originalité et l’unicité d’une Karen Dalton. Elle explore les mêmes paysages américains que ces artistes illustres, s’imposant de moins en moins de limites dans ses arrangements, abandonnant le duo guitare/voix pour y insérer percussions et cordes avec beaucoup de grâce et de légèreté. Elle ose plus régulièrement les longs morceaux quasi-baroques (le très beau « What’s Out There ») et sombres (« Cry Baby Cry »), les entrecoupant de morceaux transitoires plus courts mais tout aussi intenses (« One Way Out »).
L’album est imprégné d’une théâtralité marquante, et Nina Nastasia explore avec adresse des genres nouveaux comme le tango (sur « This Familiar Way »). Sa pochette représentant un visage familier éclairé par une lumière inquiétante est le reflet de sa musique aux atmosphères intimes mais inquiétantes (poussées à leur paroxysme sur « You’re a Holy Man »), qui se pare d’envolées lyriques et laisse une marque durable sur la folk contemporaine. Le titre de l’album « Outlaster » (mot inventé par l’artiste) définit l’uvre qui dure et survit à l’épreuve du temps. En cela, la démarche de Nastasia est intemporelle, elle n’offre pas un contenant, mais bel et bien un contenu, qui lui survivra et laissera une empreinte durable sur la folk américaine.
Pauline Le Gall
A lire également, sur Nina Nastasia :
la chronique de « On Leaving » (2006)
l’interview (2003)
la chronique de « Run To Ruin » (2003)
Cry, Cry, Baby
Moves Away
You’re a Holy Man
You Can Take Your Time
This Familiar Way
What’s Out There
A Kind Of Courage
Wakes
One Way Out
Outlaster