Depuis quand n’avais-je pas été enthousiasmé de bout en bout (ou presque) par un album de Neil Young ? Depuis une dizaine – voire une quinzaine – d’années ?
Car, disons le franchement, hormis l’exhumation des ses archives, le Loner n’a guère produit d’albums dignes de sa légende dans les années 2000 ; « Silver and Gold » était gentillet, « Are You Passionate ? » franchement râté. L’ambitieux « Greendale » avait tendance sur la longueur à faire bailler quand « Prairie Wind » me laissait (à quelques titres près) sur un respect poli. On se réveillait avec « Living With War » (mais avec des bémols sur la démarche) ou avec le crado et mésestimé « Fork in the Road » (mais pas de quoi faire un classique, assurément). « Le Noise », quant à lui surestimé – malgré une poignée de bons titres -, me laissait un peu dubitatif avec ses bidouillages… à la noix. Du coup, j’ai fait l’impasse sur « Americana » (avais-je vraiment envie d’entendre Neil Young chanter « Oh Susannah » ?). Seul « Chrome Dreams II », en 2007, surnageait un peu.
Mais voilà, Neil Young a repris ses meilleurs acolytes (le Crazy Horse donc) et après un tour de chauffe (« Americana », paru en début d’année) se remet en selle avec ce double CD. Et là, avec « Psychedelic Pill », la magie renaît : les morceaux ont beau durer des plombes, jamais ils ne sont plombés : « Driftin’ Back », 27 mn au compteur, passe comme un cognac hors d’âge. Dès les premières notes de « Ramada Inn » (17mn), on sait que ce morceau sera un futur classique – un mid-tempo désabusé dans lequel vrombissent les guitares, dans la plus grande veine du Canadien. « She’s Always Dancing » laisse également ravi, après son début a capella et le furieux « Walk Like a Giant » enflamme la fin de l’album, allégé très habilement par des chœurs bien sentis et un petit gimmick que Young siffle tout au long du morceau.
Même parmi les morceaux plus courts, seul « Twisted Road » (à peine 3mn30) laisse indifférent : « Psychedelic Pill » creuse le sillon punk de Neil Young, « Born in Ontario » crapahute plaisamment (avec l’aide d’un harmonium) sur les routes de l’enfance du chanteur et « For the Love of Man », seul morceau acoustique de l’album, nous ouvre une belle fenêtre sur le spleen du chanteur.
Bon, qu’est ce qu’on peut demander de plus ? Peut-être juste que ça dure encore… « Rock’n’Roll will never die » disait un chanteur à la fin des années 70…