Avec la bande originale de la série française « Les Revenants » sortie l’an passé, Mogwai s’était libéré de certaines habitudes, de certains schémas attendus qui étaient les siens. En collant à certaines images ou séquences, la musique du groupe écossais se faisait plus charnelle, sensorielle, ouverte sur le monde. Ce mouvement de libération se prolonge avec « Rave Tapes », disque fort, engagé, mais aussi paradoxal, entre gravité et apesanteur.
Chacun de ses titres s’offre ainsi comme un véritable voyage musical, dans un territoire déjà balisé (c’est le lot des groupes vétérans), mais avec une variété de nuances proprement inouïes (notes de piano, superposition de guitares tranchantes, boucles synthétiques,…). Là où par le passé, l’émotion passait parfois au second plan, derrière la rigueur bruitiste, elle prévaut désormais dans les formules musicales choisies par les Ecossais comme sur le sublime « Blues Hour », seul titre chanté, alangui et puissant à la fois. Sans doute possible, le groupe fait preuve d’une maturité nouvelle. Entêtante (« Simon Ferocious »), angoissante (« Deesh ») ou lumineuse (« No Medicine for Regret »), la musique de Mogwai se joue des paradoxes et atteint son but : rendre terriblement humain ce qui est produit par les machines.