MITSU – Vue du dessus
(Alice in Wonder)
De Programme à Laconic, de Mendelson à Bertrand Betsch, d’Erik Arnaud à Orly, de Mathieu Malon à Superflu, tout un pan de la jeune garde musicale française d’ici ne cesse de s’effondrer à longueur de disques, sur fond de morosité, de vague dégoût et de révolte sourde. On peut rajouter à cette liste grise les nouveaux venus de Mitsu, dont il est clair, à l’écoute de leur « Vue du dessus », qu’eux non plus ne sont pas là pour déboucher le Banga et souffler dans les langues de belle-mère.
Sans être d’une noirceur insondable, les dix plages de l’album suintent tout de même le spleen et le malaise (social), synthétisant assez bien cette tendance « néo-dépressionniste » que certains ont su sublimer (en vrac : le « Remué » de Dominique A, quelques morceaux chantés de Yann Tiersen, la terrible « Ballade de basse » de Louise Attaque, le déjà vieux « Mieux vaut se taire » de Diabologum, Tue-Loup)… et d’autres non. Ici, on frôle plus d’une fois la complaisance : la voix, traînante et désabusée, se révèle souvent crispante et l’absence de ligne mélodique dans la plupart des morceaux peut assez vite lasser.
On retiendra toutefois un travail très abouti sur les textures sonores, ici clairement préféré à une écriture plus classique. Boucles, sons urbains, rythmiques synthétiques, gimmicks electro, samples et guitares lancinantes tissent des atmosphères prenantes, malgré leur caractère souvent aride. Les quelques fois où Mitsu réussit à faire tenir ses expérimentations dans un format chanson (« Chasser les papillons », « Vue du dessus », et surtout le touchant « Peut-être même… ») laissent entrevoir un potentiel certain mais encore en friche. Autant dire que les Français sont loin des excellents Notwist, pour citer d’autres créateurs de climats electro-délétères, à la main nettement plus légère. Il reste donc à Mitsu trois ou quatre albums pour s’affirmer et s’affiner.
Vincent
Chasser les papillons
Lo 3D
Vue du dessus
De mes nouvelles
A bord
Peut-être même…
La retenue
Poussière
Les amants
Pure