Je crois que ça fait très longtemps que je n’avais pas écouté un disque de blues actuel. Il a fallu que l’on me transmette ce disque avec un « c’est très bien, tu vas aimer » pour que je lui donne une chance. Pendant que je mettais le disque à l’écoute, je me suis aperçu que c’était le label Dixiefrog qui sortait le disque : j’ai tendu l’oreille… et j’ai rencontré Mathis Haug.
C’est donc un jeune homme, fort attaché à sa guitare. Quelques copains par-ci par-là viennent lui tenir compagnie aux percussions, à la basse, faire des choeurs. Mais ce qui survole les chansons, c’est tout d’abord cette voix. Grave, sensuelle et puissante, elle est comme une main burinée qui caresserait avec fermeté ces mélodies ciselées, charmeuses mais taillées au plus près du corps. On sent un travail d’épure, mais on ne sent aucune pingrerie dans les chansons, pleines d’ambiances tamisées, parfois plus ouvertes sur l’extérieur, mais où Mathis Haug habille son blues au gré d’une inspiration solide. Franchement blues sur « Workless », « Playing My Dues » ou « Pickpocket », mais plus proche du jazz sur « The Wind Blew Strong » (on pense un peu à Tom Waits) ou du folk bon teint sur « The Caretaker’s Parade » ou « A Certain Frame of Mind », on sent le travail soigné, patiné et respectueux de ce musicien hors mode. Ce costume lui va bien, il y a un quelqu’un chose d’évident et de naturel qui fait de ce « Playing My Dues » un bel ouvrage, qui assume son style et se coule dans d’autres pour notre plus grand plaisir.