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Disques

Maison Neuve – Joan

Maison Neuve - Joan

Enfin l’album ! Après plusieurs années maintenant, presque une décennie, de nouvelles disparates, « Joan » voit le jour ; et on se dit que Maison Neuve mérite décidément la belle réputation confidentielle qui l’entoure, cette aura underground  assortie d’une French touch, qui caractérise désormais le groupe emmené par Guillaume Faure.

Contrairement à son homonyme (et peut-être éponyme), « Joan » ne tente pas de bouter le Godon hors de France. Au contraire la pop anglo-saxonne est accueillie à bras ouverts sur tout l’album, y compris sur les titres en français – mais on y reviendra… La liste serait longue qui énumérerait les influences plus ou moins prégnantes entendues sur l’album, mais elles semblent se concentrer soit sur des voisins proches (l’indie brit pop, pour faire vite), soit franchement aux antipodes (les Go-Betweens) – en tout cas anglophones.

Toujours est-il que Maison Neuve, derrière son profil bas de petit artisan pop de chez nous, a de sacrées cordes à son (Joan of) arc : une très solide culture musicale, une indépendance de ton qui lui épargne le plagiat ou la redite, de la patience, du talent, et puis aussi, du fond : les paroles, jamais anodines, très creusées, ne sont jamais prétexte, ni post-texte, mais forment un tout avec la musique, sans que le côté minutieux des compos ne restreigne les morceaux – au contraire la plupart prennent de l’altitude en cours de route.

De ce fait, « Joan » est un de ces albums très longs en bouche, qui accrochent néanmoins assez vite (cf le single « Under Skies of Fire », aux guitares grondantes et rigides, aux transitions et accélérations parfaites, ou encore « Humble Hearts », et cette voix lancinante et fraîche à la fois – le titre a un je-ne-sais-quoi tenace de Stone Roses), et qui séduisent ensuite, voire fascinent.

Quand on entend l’intro de « Victor » (deux notes de basse, un son un peu cheap), on a tout de même du mal à imaginer que le titre va décoller à ce point, qu’il va se densifier jusqu’à la tension, que la voix trouvera ces inflexions qui font chavirer la mélodie, fausse ritournelle, vers des flots moins limpides, et plus profonds. De même, « Lizzy in the Sea », l’un des nombreux morceaux de bravoure de l’album planqué sur la fin de l’album, trouve une ampleur insoupçonnée au fil du morceau – jusqu’au final flamboyant ; d’autres titres renvoient l’auditeur à une mélancolie juvénile (« Jojo ») avant de se déployer dans le lyrisme (« You Are My Prophet »). 

Apparemment plus à l’aise avec l’anglais, clairement sa langue d’élection, Maison Neuve ose pourtant le français sur deux titres, déstabilisants à souhait sur les premières écoutes – on est d’abord décontenancé par la prosodie à l’anglaise dans la langue de Dominique A ; il semble pourtant qu’à cet égard aussi le pari, risqué, soit remporté, au moins sur « L’Attraction terrestre », qui clôt l’album sur une déclaration d’adhésion à l’univers naïve et émouvante – sauvée par sa propre sincérité. Miracle de la ferveur, sur « Joan », Maison Neuve touche au but à chaque fois.

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