Les Normands de Maarten, groupe fondé en 1998 ont sorti au début de l’année 2000 un premier CD unanimement apprécié par les critiques et intitulé : « The Most Beautiful Days Of My Life ». Rencontre avec les membres de ce groupe, -dont la musique mérite franchement le détour- avant leur concert de la Flèche d’Or à Paris, le 30 avril prochain…
Qui fait quoi au sein du groupe ?
Wilfried : Chant, guitare.
Marie : Piano, choeur.
Fred : trompette.
Mathieu : Contrebasse.
Fabrice : Batterie, choeur.
Clément : Violon.
Wilfried et Mathieu se sont rencontrés à un concert des Boo Radleys en 1998. Le goût de Maarten pour les cuivres et les cordes a-t-il été directement influencé par les chansons de ‘Kingsize’ ?
Wilfried : Je ne crois pas que les Boo Radleys aient été une influence majeure. Nous avons sans doute écouté les mêmes disques cependant concernant les cuivres, l’inspiration viendrait plus du côté des Buckingams et de Burt Bacharach. Pour les cordes, notre approche s’apparente plus à celle de Left Banke.
Marie : D’une manière générale, Maarten a plus été influencé par des groupes 60’s. Mais dans la pratique, nous avons tous des parcours musicaux différents et la formation classique de certains joue forcément un rôle important dans les arrangements.
Clément : Personnellement les Boo Radleys m’insupportent, je n’arrive pas à laisser ce CD dans la platine plus de trois minutes.
Quelles sont vos influences ? à la fois actuelles et passées ? et parmi les groupes français ?
Chaque membre a ses propres influences qui vont de la pop au rap en passant par le classique et les musiques traditionnelles. Ça donne donc un ensemble très éclectique qui peut créer des surprises dans les arrangements. Et ça explique peut être ce côté « original » et « frais » (désordonné ?) que certains prêtent parfois à Maarten.
Fabrice : pour les références actuelles, Ben Symphonic Orchestra, Deus, Blonde RedHead, The Harvest Ministers, Joseph Arthur, Olivia Tremor Control… pour ce qui est du passé : The Only Ones, Barracudas, Dexy Midnight Runners… En matière de groupes français : Little Rabbits, Boby Lapointe (!), Bratsch… et ah oui… Tahiti 80.
Willfried : pour ce qui est des influences actuelles, les High Llamas, Elliott Smith, Belle and Sebastian, Olivia Tremor Control… pour le passé, les 3 B : Byrds, Buckingams et Beach Boys. Les Zombies et re- Left Banke.
Marie : Trois autres B… Broadcast, Black Box Recorder, Bach.
Clément : Mes influences sont assez diverses et très peu pop au départ. Indépendamment de ma formation classique et des compositeurs qui m’ont marqué comme Bach et les écoles nationales du XIXè, je citerais en vrac Neil Young, Tom Waits, les Beastie Boys et Magma. Parmi les groupes français du moment, sans les considérer forcément comme une influence, j’écoute NTM.
Comment travaillez-vous, comme en ce moment, sur de nouvelles chansons ?
Wilfried : L’enregistrement joue un rôle nouveau dans notre travail. On enregistre en ce moment trois nouveaux titres « à la maison ». Cette manière de travailler nous correspond bien mieux (par rapport à d’autres expériences en studio classique) car on peut prendre le temps de tester toutes nos idées. C’est un luxe auquel on a pris goût et qui nous a poussé à développer notre créativité : on n’a pas des tonnes de matos alors on l’exploite pleinement. Nous avons même été jusqu’à dépoussiérer un vieux clavier acheté il y a quelques années en foire à tout et abandonné dans un grenier depuis.
Marie : Il y a eu une première période où le travail était plus linéaire. La compo apportée par Wilfried était une première étape, on travaillait ensuite les arrangements avant même de trouver une base rythmique en répète. Depuis quelques mois, la démarche est moins figée car on s’est aperçu que tous les morceaux ne pouvaient pas être traités de la même façon. Les compos sont amenées de plus en plus « brutes » afin de laisser une grande liberté dans le travail collectif. Certaines compos sont d’ailleurs méconnaissables à l’arrivée. On ne voulait pas s’enfermer dans une technique de travail définie et cette démarche est apparue de façon très naturelle.
Mathieu : Les répètes sont les,moments où l’on vient exposer et proposer les idées travaillées en amont. Avant, on travaillait les harmonies vocales d’un côté, les cordes de l’autre, et la rythmique séparemment, puis on réunissait le tout en répète. Cette manière de travailler a évolué, par exemple, on peut très bien se voir sans instrument pour écouter ou discuter d’un morceau. Prendre du recul n’est pas évident mais ca nous oblige encore plus que d’habitude à écouter de manière globale les compos et de ne pas rester bêtement derriere son instrument à essayer de se caser quelque part.
Fabrice : Vaste question. Je dirais qu’on n’a pas « une » méthode de travail déterminée et rigoureuse. Ça varie selon les périodes et les humeurs. Il y a la formule « répète », la formule « individuelle » (chacun chez soi à réfléchir aux morceaux) et une troisième formule « petits ateliers dispersés »… Je crois que ce mélange nous convient même si c’est un peu fragile tout ça. Une chose importante : il n’y a pas de « chasse gardée » dans Maarten et chacun peut proposer des idées dans n’importe quel instrument. On a appris à laisser notre ego au vestiaire, maintenant on y pense même plus et c’est vraiment agréable (la plupart du temps). D’ailleurs de plus en plus, lorsqu’on démarre une compo, on réfléchit d’abord à l’ambiance globale et l' »univers musical », puis on travaille en détails les parties de chacun. Mais encore une fois, on transgresse pas mal les règles… on fait un peu comme on le sent sur le moment.
Par rapport à ces nouveaux morceaux, à quoi peut-on s’attendre ?
Marie : à un tournant musical dans le sens où les titres sont moins traités comme des chansons « isolées » mais plus comme un ensemble cohérent de morceaux.
Wilfried : la personnalité de Maarten s’est affinée et affirmée. Pour la première fois, je peux écouter et re-écouter les morceaux sans me lasser.
Clément : Notre façon de travailler a évolué, on se laisse plus de temps pour jouer ensemble et découvrir au fil des improvisations les plans qui vont nourrir les chansons. Du coup, on s’oriente vers des chansons plus longues, des atmosphères plus variées qui débordent des cadres qu’on s’était définis de façon plus ou moins implicite jusqu’alors.
Quel serait pour vous le producteur idéal pour le premier album de Maarten ?
Clément : Nous, en plus riche ?
Wilfried : personnellement j’ai un petit penchant pour les productions américaines et notamment celle de Tom Rothrock et Rob Schnapf (Elliott Smith, Beck).
Fabrice : peu importe son nom et sa carte de visite. Le producteur idéal sera celui qui comprendra notre démarche et saura la développer. Ca se jouera aussi sur le contact. Je pencherai plus pour une production type « Beck » ou « Olivia Tremor Control »… on en discute pas mal au sein du groupe sans avoir pour l’instant choisi une option définitive. Une chose est sûr, la matière est là et … y’a plus qu’à.