Loading...
Disques

Lykke Li – Wounded Rhymes

Lykke Li - Wounded Rhymes

Sorcières, fées, femmes embrumées en robes flottant au vent : après PJ Harvey dont les dernières photos promotionnelles scellaient le mariage pas si contre-nature entre Mélusine et Frida Kahlo, voici Lykke Li écartelée dans ses clips entre la romance années 30 (« I Follow Rivers », rejouant version polaire la fin follement sexiste de « Morocco ») et le sulfureux bien pesé (« Get Some », ou Josephine Baker perdue dans les distorsions d’André Kertesz). Un grand écart qu’enregistre doublement la musique de « Wounded Rhymes », album passionnant et pas si évident que ça. D’un côté le rétro-tribal magnifié par la production en acajou feutré de Björn Yttling qui fait la part belle aux percussions abusives et aux stridulations diverses ; de l’autre, le langoureux blessé jusqu’à la dépossession. Nul besoin d’avoir fait un DEA en psycho pour voir/entendre que le petit cœur de Lykke souffre. Il est cause du défaut le plus flagrant : l’enchaînement redondant de « Love Out of Lust » et « Unrequited Love » qui stoppe la mécanique dévastatrice du doublé « Youth Knows No Pain »/ »I Follow Rivers ». Du sucre dans le moteur ? Il repart pourtant vite, obsédé par un appétit spectorien de souffrance féminine – le magistral « I Know Places » fait soudain le vide autour de quelques chœurs et une guitare soutenant Miss Li (pas Peggy mais presque) avant de ménager une outro chamarrée et dévastatrice comme si Badalamenti reprenait le « I’m Not in Love » de Ten CC. Tellement magique que la plage suivante, « Jerome », semble forcée avec sa batterie dopée aux hormones de croissance. « Wounded Rhymes » se clôt heureusement sur « Silent My Song », entêtant et rendu à tue-tête en total contrario à son titre. Ironie ? En tout cas, métamorphose achevée : la Minnie Mouse contrainte de « Youth Novels » n’hésite plus à sortir les crocs comme une Diana blanche rehaussée de Supremes spectrales. Le timbre un peu Haribo de Lykke Li – chimique, coloré, goûtu – pourrait aussi évoquer Macy Gray et Amy Winehouse, deux espoirs foutraques passé du crossover glorieux aux abonnés absents. Fondons de grands espoirs sur la Suédoise dont l’univers plus singulier semble en expansion maîtrisée. « Wounded Rhymes » est un beau disque qui dit déjà demain.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *