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Disques

Lou Reed – New York (1989)

Lou Reed - New York

« New York » (1989) est le dernier classique de Lou Reed en solo : celui de la maturité comme on dit des disques ennuyeux… mais « New York » n’est pas ennuyeux : après quelques années d’errance, Lou Reed a trouvé le son qui lui convient (déjà bien en place sur « New Sensations »), la formation minimaliste qui lui sied (« rien ne vaut deux guitares, une basse, une batterie » dit-il sur la pochette), un producteur qui tient vraiment la route (le batteur Fred Maher) et un sujet en or (autour duquel il tourne depuis son début de carrière) : sa ville. Lou Reed en explore tous les recoins sombres : les quartiers latinos dans cette version revisitée de « Romeo & Juliette », les rues miteuses (« Dirty Blvd ») ou franchement mal famées (« il n’y a pas de droits de l’homme quand tu marches dans les rues de New York » affirme-t-il sur « Hold on »). Et qui plus est, Lou Reed s’amuse sur cet album avec la large palette de son songwriting : bien sûr la ballade rock en spoken words (« Dirty Blvd », « Last Great American Whale »), mais aussi des morceaux plus pop (« Halloween Parade » ou l’enthousiasmant « Good Evening Mr. Waldheim »), des titres franchement énervés, au son gonflé et sur lesquels le chanteur pousse sa voix (« There is no Time », « Strawman »), des flirts avec le jazz (« Beginning of a Great Adventure ») ou avec la country (« Sick of You »).

Après pas mal d’albums disparates, « New York » a une unité et un équilibre assez extraordinaires ; Reed devait être de bonne humeur car il invite même Maureen Tucker, l’ancienne batteuse du Velvet Underground, sur deux titres (et comme on le sait, il ne tardera pas à collaborer avec John Cale et à reformer le Velvet). Ses paroles s’en ressentent également : son pessimisme s’attaque joyeusement à toute une ribambelle de gens (les anti-avortements, les croyants de toutes sortes sur « Busload of Faith », Kurt Waldheim, les stars d’Holywood, …) mais aussi à la misère qui gangrène New York. Bref, ça défouraille dans tous les sens… et quand Lou Reed utilise son immense talent pour canaliser son fiel, cela donne un très grand disque comme « New York ».

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