Lord Huron, ça sonne anglais comme nom, n’est-ce pas ? Enfin, je me comprends. Mais non, le groupe que mène Ben Schneider arrive de Los Angeles, et après deux EP se lance dans le grand bain avec un album que nos amis américains ont eu la chance de découvrir il y a quelques mois. Mais ce n’est pas grave : il est encore temps de se plonger dans cette magnifique collection de chansons.
Lord Huron a ce talent rare de faire de chaque chanson une oeuvre ouverte. En effet, la richesse des mélodies et de l’instrumentation (les guitares et cie sont souvent appuyées par de magnifiques percussions, donnant ainsi une vraie chaleur aux morceaux, et des cordes se font aussi entendre par moments) n’est pas un frein pour s’approprier les titres. Parce qu’il y a de l’espace, beaucoup d’espace dans ces chansons, dont le patrimoine génétique est certes très marqué par le folk, mais qui sont toujours plus que cela. Alors il faut se laisser porter par ces mélodies qui touchent parfois au merveilleux (« I Will Be Back One Day », « In the Wind », « Ends of the Earth », « Lonesome Dreams »), collant une furieuse envie de découvrir les grands espaces suggérés par Ben Schneider et ses compères, qui offrent aussi un moment de contemplation magnifique avec « The Ghost on the Shore ». Mais l’essentiel du disque est consacré à une balade émerveillée, où l’air rappelle Fleet Foxes ou encore Band of Horses mais sans que cela soit trop prégnant, car Lord Huron navigue toujours à vue sans jamais se perdre. Le groupe voit loin, et utilise avec talent tout ce qu’il a sous la main pour faire voyager l’auditeur à bride abattue (« Time to Run ») ou en une cavalcade plus douce (« She Lit a Fire »), le tout enjolivé par une production généreuse. Et à la fin de ces dix chansons, je me dis que j’embarquerais bien pour un nouveau tour. En attendant, j’espère sincèrement que ses rêves ne resteront pas solitaires trop longtemps : ce que Lord Huron y cache est bien trop beau pour rester dans l’ombre du sommeil.