LATE OF THE PIER – Fantasy Black Channel
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Ils sont quatre, ils viennent de Nottingham, et c’est le nouveau groupe du moment (comprendre : de la semaine) pour le "NME", voire carrément LE groupe le plus excitant du moment, non, je corrige : de tous les temps (Erol Alkan). Oui, ça fait beaucoup pour un groupe, même pour des jeunes gens en pleine forme. Et puis ce n’est pas le premier groupe, et ce ne sera pas le dernier, à hériter de telles étiquettes.
D’ailleurs, ce n’est pas toujours gage de pérennité, et force est de constater que ce n’est probablement pas Late of the Pier qui fera exception à la règle. Jeunes gens ayant grandi sur la piste de danse du Liars Club de Nottingham, spectateurs assidus des débuts des Bloc Party, Franz Ferdinand et du reste de cette famille mais aussi fans des Beatles et de Led Zeppelin (ça ne saute pas aux oreilles, cela dit), on ne leur infligera certes pas directement un redoublement. Dans cette espèce de gros brouillon qu’est "Fantasy Black Channel", il y a quelques bonnes choses éparses, mais au moins autant de grosses ratures. Après une introduction dispensable, les hostilités s’ouvrent sur "Broken". Une pincée de hard-rock pour débuter, ensuite c’est la piste de danse que vise le quatuor : guitares virevoltantes, cavalcade rythmique et claviers scintillants, Late of the Pier montre dès le départ une certaine habileté à faire rebondir une chanson, à faire des digressions dans les rythmes et à prendre à revers l’auditeur. "Space & The Woods" remonte le temps avec ses claviers 80’s un brin lourdingues, avant un nouveau contrepied et une grosse accélération. Le petit problème, c’est que quand on joue avec autant d’ingrédients à la fois et qu’on les mélange en secouant très fort, on ne sait jamais trop ce qui va en sortir. "The Bears Are Coming" est l’illustration de ce genre de désagrément, qui guette tout apprenti sorcier et amorce l’espèce de schizophrénie qui travers le disque. Overdose de rythmes, passages lourdingues avant grosses envolées dansantes, ce qui passait en début de disque se met à soûler l’auditeur, obligé par exemple de subir les trois quarts pénibles de "Heartbeat" avant de trouver un exutoire pour ses jambes. Surtout, le côté surprenant est éventé, ce qui était innovant devient formule et tout s’emmêle. "Focker", "The Enemy Are the Future", "Mad Dogs and Englishmen" ont bien quelques qualités à faire valoir, mais qui s’en souviendra après les avoir écoutés ? On se dit que ces morceaux auraient pu être des faces B, ou qu’ils auraient pu être plus convaincants avec du travail et l’énergie canalisée dans un but précis, comme par exemple le très sympathique "Random Firl", plus pop et Supergrass dans l’esprit. Oui, les quatre de Late of the Pier ont sûrement eu plein d’idées durant l’écriture de cet album, mais il n’était pas nécessaire de toutes les mettre ensemble : c’est comme le Coca et les Mentos, il vaut mieux éviter certains mélanges.
A la fin, une question persiste : comment peut-on voir en Late of the Pier le groupe du moment ? Peut-être que cela le sera un jour, peut-être que non : tout n’est pas perdu pour le quatuor anglais, car ils peuvent sûrement faire mieux, mais il va leur falloir se remettre au boulot.
Michaël Choisi
Hot Tent Blues
Broken
Space & The Woods
The Bears Are Coming
Random Firl
Heartbeat
Whitesnake
Vw
Focker
The Enemy Are The Future
Mad Dogs and Englishmen
Bathroom Gurgle