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Disques

Julien Pras – Shady Hollow Circus

Julien Pras - Shady Hollow Circus

De retour d’une escapade en territoire stoner avec les incandescents Mars Red Sky, l’orfèvre Julien Pras reprend, pour notre plus grande joie, le fil de sa discographie solitaire. Après avoir laissé libre cours à ses penchants folk sur un lumineux essai introductif (« Southern Kind of Slang », 2010), le Bordelais revient ici à ses amours pour une pop à l’architecture ambitieuse, assez proche en cela de ses travaux passés aux commandes de son groupe Calc. En faisant le pari gagnant de varier les arrangements et les atmosphères (les cordes tourmentées de « Missionary Run » ou le piano en apesanteur de « White Lies » répondant ainsi aux boiseries accueillantes de « Angel of Mercy » ou « Here on the Moon »), il offre à ses nouvelles chansons une épaisseur et une ampleur inédites, et signe par là même un album incroyablement abouti.

Le songwriter décoche d’entrée l’une de ces imparables flèches dont il s’est fait, depuis des lustres, l’un des plus éminents spécialistes : « Seven More Hours » est un morceau d’une simplicité désarmante, dont l’orgue entêtant confisque votre mémoire comme le plus tenace des souvenirs. On aurait certes préféré éviter de ressasser à nouveau la proximité tant évoquée avec un fameux chanteur de Portland aujourd’hui disparu (Elliott Smith pour ne pas le nommer), mais on ne pourra malgré tout s’empêcher d’imaginer que cette grande chanson d’ouverture est un peu son « Son of Sam » à lui. Cette évidence, on la retrouve souvent, au long des douze chapitres qui constituent ce « Shady Hollow Circus » (dont le titre renvoie au quartier habité aux Etats-Unis par le musicien, alors enfant, et sa famille). Pourtant, derrière ses traits académiques, l’écriture de Julien Pras dissimule en arrière-plan une luxuriance et une profondeur impressionnantes, à l’image d’un « Ghost Patrol » ou d’un « Funeral Mute » à la construction fascinante, ou bien encore d’un « Radio Silence » rempli de chœurs angéliques. Autant d’atouts majeurs qui permettent à notre homme de jouer dans la cour des (très) grands : il parvient ainsi à évoquer naturellement la majesté des Zombies ou des Fab Four mais aussi, plus près de nous, le génial et scandaleusement méconnu Kevin Tihista (« Daily Battles »). Tutoyant les maîtres anglo-saxons, Julien Pras plane encore une fois au-dessus de la mêlée pop hexagonale.

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