Tout un programme que ce disque de Ichliebelove : des solutions pour rendre la vie plus belle, en voilà une belle idée ! Et derrière ce patronyme somme toute audacieux se cache Philippe Raymond, Tourangeau qui a mené sa barque dans bien des projets, trempant dans la noise, s’attelant à des remix avant de se lancer dans Ichliebelove, pas franchement une ode à l’amour si l’on en croit le disque, mais synthèse d’une culture musicale visiblement très ample.
Parce qu’il y a effectivement de tout dans ces dix titres, et c’est peu de le dire. De la pop, du rock, de la noise voir de l’indus, des sons très organiques et certains bien plus synthétiques. Bien que l’exercice soit fortement casse-gueule, Philippe Raymond s’en sort avec plus que les honneurs. Loin de se contenter d’une attitude de touche-à-tout frileux, le musicien se lance dans chaque style sans se démonter, et ça marche d’autant mieux ainsi : les cuivres qui se retrouvent souvent sur le disque ne sont pas là pour faire tapisserie, mais au contraire ont un rôle de propulsion, la batterie est bien nerveuse quand il faut, martiale à d’autre moments, mais toujours présente, et les distorsions sont légion. Les moments de bravoure ne manquent pas : la très puissante ligne de basse de « Bad With Faces, Worse With Names » remue les entrailles, les accélérations de « Born Again Sinner » ou « My Guru Friend » clouent au plancher tandis que la pop glacée de « Follow » a un charme chaloupé qui fait admirablement redescendre la tension qui habite le disque. Celle-ci se nourrit du chant presque robotique, de ces instruments si acérés et de ces climats parfois lunaires (« Swimming Soul », « Low Connection » sonnent comme des bandes originales de westerns en apesanteur), et si dans cet éclectisme, le Tourangeau s’égare parfois un peu, il serait déplacé de le lui reprocher. Parce que sous des dehors parfois un peu confus, « Life-Enhancing Solutions » témoigne d’un parcours musical riche qui a débouché sur un disque audacieux et très varié.