H-BURNS – We Go Way Back
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Difficile d’ignorer les références chez H-Burns, tant ce nouvel album du Valentinois est à nouveau empreint de folk américain ; chez ce dylanophile forcené on entendra assez vite des échos du maître, mais aussi beaucoup de Will Oldham – dans le côté parfois abrupt de la production, mais surtout dans la voix subtilement éraillée – voire quelques héritages plus rock glanés sur les deux dernières décennies, à peu près toujours du même côté de l’Atlantique (l’autre côté, forcément, si on regarde depuis la Drôme).
L’allégeance minutieuse et constante à une poignée de modèles indépassables n’est pas la moindre qualité de ce troisième album de Renaud Brustlein. On reconnaît assez facilement le Zim sur "Half a Man – Half a Freak" (très "Knocking on Heaven’s Door" sur ce coup-là), et on a même droit à la vraie voix de Tony Dekker sur "Lonely Nights on Queen St". Personnellement, dans le genre Great Lake Swimmers, j’ai un petit faible pour "I Can Haunt You" et son lit délicat de guitare et banjo.
Mais ce qui est réellement épatant chez H-Burns, c’est que cette fidélité ne ressemble à aucun moment à un simple plagiat appliqué – il semblerait qu’à réciter ses gammes folk, H-Burns en ait aussi capté l’essence. C’est sans doute ce que l’on appelle la maîtrise de son sujet – ce qui n’est pas si courant que ça dans le domaine du folk, que les quinze dernières années ont parfois transformé en improvisation hasardeuse et fauchée. Cette maîtrise parfaite, elle est à l’oeuvre dès le titre éponyme de l’album, dans cette rythmique saccadée qui porte le morceau de bout en bout, et lui insuffle sa dynamique tantôt boiteuse tantôt entraînante, terriblement efficace. Dès le second morceau, "Fires in Empty Buildings", le flux est plus tendu ; et si ce titre n’est pas une allusion à l’avant-dernier album de Gravenhurst, cela y ressemble beaucoup (à un mot près) ; je ne peux m’empêcher de voir dans ce rapprochement un symbole fécond : entre Nick Talbot et H-Burns il y a ce même héritage qui oscille entre folk et rock, acoustique et électrique, apaisement bucolique et tension plus urbaine – va-et-vient qui structure tout le reste de l’album. Jouant habilement de ces dialectiques, Renaud Brustlein, sans aucun complexe, avec un immense talent, se place au niveau de ses modèles assumés.
David Dufeu
A lire également, sur H-Burns :
la chronique de « How Strange It Is To Be Anything At All » (2008)
We Go Way Back
Fires in Empty Buildings
A Part of the Film
Half a Man – Half a Freak
Are You Scared of the Dawn
So Long Dying Cities
I Can Haunt You
Lonely Nights on Queen St (feat. Tony Dekker)
Images Are Getting Hard to See
Melting Point
I Can’t Kill the World