Il est des artistes dont on peut se demander s’ils sont capables d’écrire une mauvaise chanson. J’ai tendance à penser que Renaud Brustlein, au travers d’H-Burns, appartient à cette caste de songwriters, toujours pertinents, qui savent mener un disque de A à Z sans se fourvoyer.
Ce “Night Moves”, plus apaisé niveau guitares que “Off the Map” (passer de Steve Albini à Rob Schnapf doit avoir joué), ne souffre d’aucune baisse de niveau sur ses onze titres. Mieux encore : le niveau moyen est toujours très élevé. Si “Nowhere to Be”, envoyé en éclaireur et titre d’introduction, a en effet les épaules d’un petit tube pop, il annonce surtout une belle collection de chansons. il est difficile d’y trouver à redire, tant elles brassent avec bonheur les influences de grands noms du songwriting à l’américaine. On y croise un peu de Springsteen, un peu d’Elliott Smith, on s’imagine volontiers sur la côte Est des Etats-Unis, grâce à des ambiances soignées et un vrai sens de l’écriture.
Généreux jusqu’au bout, H-Burns a su enrichir chaque chanson comme il le fallait, avec la bonne distance dans les claviers (“Radar”, “Wolves”), le dépouillement (“In the Wee Hours”, que l’on pourrait croire issu du “Nebraska” du Boss, “Night Moves” – le titre ou “Radio Buzzing”) ou le folk le plus pur (“Big Surprises”, “Too Much Hope” – tiens, Elliott Smith !). Renaud Brustlein n’a peut-être jamais aussi bien chanté, et étant parfaitement entouré, et ce “Night Moves” fait alors tranquillement son chemin. Beau et léger dans la forme, facile à apprécier et pourtant profond, il vient confirmer tout le bien que l’on pouvait penser de son auteur.